Des heurts en République centrafricaine impliquant des combattants qui seraient fidèles au président déchu François Bozizé ont fait des dizaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés au cours de la fin de semaine, ont annoncé lundi des responsables.

Les combats se sont déroulés dans l'ouest du pays, une région qui, au cours des derniers mois, a été le lieu de plusieurs massacres supposément commis par la coalition du Séléka, qui a renversé Bozizé en mars. Le leader du mouvement, Michel Djotodia, a été nommé président le mois dernier, et a juré de renouer avec la démocratie en organisant des élections d'ici 18 mois.

Guy Simplice Kodegue, un porte-parole de la présidence, a indiqué que 60 personnes étaient mortes lors des plus récents combats, qui ont été déclenchés, dit-il, par des combattants partisans de Bozizé. Il précise qu'une unité de soldats de l'armée, appuyée par des hommes du Séléka, avait été déployée dans la région à partir de Bangui, la capitale, pour stopper les assaillants, qu'il a accusés d'agressions contre des civils dans la ville de Bossangoa, près du village natal de Bozizé.

Le service téléphonique est peu répandu dans la région, située à près de 400 kilomètres de Bangui. Orongaye Rigobert, un leader communautaire de Bossangoa, dit que les combattants pro-Bozizé ont fait sauter des ponts reliant la ville à Bangui pour tenter de retarder l'avance de l'armée.

Il a dit qu'environ 30 personnes avaient été tuées à Bossangoa, dont une majorité de civils. M. Kodegue soutient de son côté que les assaillants avaient ciblé les civils musulmans, bien que M. Rigobert ait précisé que des chrétiens auraient aussi pu être tués.

Le Séléka est majoritairement composé de combattants provenant du nord musulman du pays, et certains observateurs ont dit que le groupe ne ciblait que les villages chrétiens. Puisque M. Djotodia et plusieurs de ses partisans sont musulmans, alors que Bozizé et son groupe sont chrétiens, la ligne de faille politique se superpose à la division religieuse.

Les heurts à Bossangoa ont poussé environ 30 000 résidents - près de 80 pour cent de la population de la ville - à fuir dans la forêt, a dit Amy Martin, directrice de la mission humanitaire de l'ONU en République centrafricaine.

Selon la porte-parole de l'agence onusienne pour les réfugiés, le nord du pays semble avoir sombré dans le chaos.

Les groupes d'aide humanitaire mettent en garde depuis des mois contre une véritable catastrophe humanitaire en République centrafricaine si la situation ne s'améliorait pas.