Plus de 160 000 travailleurs seront en grève la semaine prochaine en Afrique du Sud, les pompistes et les employés d'entreprises liées à l'automobile venant s'ajouter à partir de lundi aux ouvriers du BTP en arrêt depuis douze jours.

Des grèves massives frappent depuis août l'économie sud-africaine, la première d'Afrique:  des dizaines de milliers de salariés ont cessé le travail dans les mines d'or, le BTP et le secteur automobile pour réclamer des hausses de salaire.

Lundi, environ 73 000 employés des stations-service ou d'entreprises liées à l'automobile vont cesser le travail, pour obtenir une augmentation salariale et de meilleures conditions de travail, après l'échec de négociations cette semaine avec le patronat, a annoncé le Syndicat national des employés de la métallurgie (Numsa).

Ils devraient manifester au Cap et à Johannesburg en début de semaine puis dans d'autres villes. Leur mouvement de grève pourrait fortement perturber les transports.

«Nous voulons un accord à deux chiffres. Nous voulons fondamentalement améliorer les conditions des travailleurs», a déclaré à l'AFP le secrétaire général du Numsa, Irvin Jim.

Les pompistes gagnent entre 14 et 17 rands (de 1,40 dollar à 1,70 dollar - soit entre 1 et 1,30 euro) de l'heure, selon le syndicat.

Ce nouveau mouvement de grève intervient alors qu'environ 90 000 travailleurs du BTP sont en grève depuis douze jours, selon le syndicat NUM (National Union of Mineworkers).

«La grève continue», a déclaré à l'AFP le représentant du NUM aux négociations, Bhekani Ngcobo.

Les ouvriers du bâtiment gagnent un salaire de base de 4000 rands (environ 400 $) et réclament une hausse de 800 rands, selon le syndicat. Le patronat du secteur propose une augmentation de 400 rands, a précisé Bhekani Ngcobo.

La production redémarre progressivement en revanche dans plusieurs secteurs.

Les grèves sont désormais terminées dans le secteur de l'or, qui emploie 140 000 personnes et représente 3% du PIB, après un accord salarial dans les mines d'Harmony Gold.

«Les adhérents du NUM ont accepté la même offre (une hausse salariale de 7,5 à 8%, NDLR) que celle qui a été faite par les autres producteurs du secteur, et ont repris le travail», a déclaré Harmony Gold, troisième producteur d'Afrique du Sud et cinquième producteur mondial d'or, dimanche dans un communiqué.

«La majorité a accepté l'offre», a déclaré le secrétaire général du NUM, Frans Baleni, à l'agence de presse sud-africaine Sapa.

Mais le syndical rival du NUM, l'AMCU (Association of Mineworkers and Construction Union), qui n'avait pas participé au mouvement de grève, a rejeté la hausse de 8% et évoqué le lancement d'une nouvelle action dans le secteur de l'or.

Cet accord «vaut pour le NUM, pas pour l'AMCU», a déclaré à l'AFP l'un des responsables nationaux de l'AMCU, Dumisani Nkalitshana.

Les mineurs membres de l'AMCU -- syndicat minoritaire dans le secteur -- ont voté dimanche «pour une grève» mais aussi pour des négociations avec la Chambre des mines, a-t-il indiqué.

Si les discussions échouent, l'AMCU déposera un préavis de grève, a précisé son président, Joseph Mathunjwa. Le syndicat réclame un quasi-doublement du salaire de base des mineurs.

La situation devrait redevenir normale dans le secteur automobile, les négociations patronat-syndicat ayant abouti à un accord après trois semaines de grève.

La plupart des 30 000 grévistes ont accepté l'offre patronale -- une augmentation de 11,5% cette année et de 10% tous les ans jusqu'à 2015 --, a indiqué le Numsa.

Les discussions se poursuivent avec les salariés de l'usine BMW de Pretoria et de l'usine Toyota près de Durban (est).

L'industrie automobile représente 6% du PIB et environ 12% des exportations du pays.

Les mouvements de grèves ont été jusqu'à présent relativement calmes par rapport à l'année dernière. Une fusillade policière à la mine de platine de Lonmin à Marikana (nord) avait fait 34 morts et 78 blessés en août 2012.