Les élections au Zimbabwe qui ont vu la réélection du président sortant Robert Mugabe avec 61% des voix ont été «crédibles », mais il est «très difficile» de les dire honnêtes, a déclaré lundi le chef de la mission d'observation de la communauté d'Afrique australe (SADC).

«La publication à temps des listes d'électeurs est au coeur même de l'honnêteté du processus électoral. Si les registres ne sont pas disponibles, l'honnêteté de l'élection est mise en question», a exposé Bernard Membe, également ministre tanzanien des Affaires étrangères.

«Nous disons ça, car nos observateurs sur le terrain ont fait état de plaintes liées à la publication tardive des registres. Et même dans les zones où les listes ont été publiées quelques jours avant le scrutin, les gens n'y ont pas eu accès avant le jour du vote», a-t-il ajouté lors d'un point de presse à Harare.

«Il y a eu beaucoup d'autres éléments qui, mis bout à bout, ont élevé le scrutin au statut d'élection crédible», a-t-il toutefois ajouté.

Les listes électorales font partie des points clés sur lesquels les observateurs régionaux se sont penchés «pour tenter d'évaluer l'honnêteté de cette élection», a-t-il souligné.

Les observateurs de la SADC, dont le travail était essentiel, en l'absence d'observateurs occidentaux jugés indésirables par M. Mugabe, se sont aussi intéressés à la couverture du scrutin par les médias locaux. Ils ont «noté que les médias (gouvernementaux ou stations pirates) étaient fortement polarisés et pour la plupart biaisés par un choix partisan. La mission a reçu des accusations réciproques venant des camps en compétition, qui n'étaient pas dénuées de fondements».

«Nous avons noté un problème en particulier dans les médias d'État où le traitement n'a pas été équitable. Les mêmes chances devraient être données à chacun pour que personne ne puisse trouver des excuses», sous-entendu à la défaite, a-t-il poursuivi.

M. Membe a pressé l'ensemble des partis politiques, y compris l'opposition dont le principal candidat Morgan Tsvangirai n'a remporté que 34% des voix, mais dénonce une mascarade et des fraudes massives, à unir leurs forces pour demander la levée des sanctions occidentales.

«Tous les partis doivent se battre sur cette question des sanctions», a-t-il dit, estimant que ces sanctions décrétées à partir de 2002 en réponse aux violations de droits de l'homme commises par M. Mugabe et ses fidèles font le jeu de son parti et l'aident à se maintenir au pouvoir.

M. Mugabe, âgé de 89 ans, est au pouvoir depuis 1980, date de l'indépendance du Zimbabwe après une guerre de libération pour renverser le régime du leader raciste blanc Ian Smith.