La mission de l'ONU en République démocratique du Congo a demandé une enquête sur la mort de deux manifestants dans la ville de Goma où des habitants ont accusé dimanche les Casques bleus uruguayens d'avoir tué ces civils en tirant sur la foule.

Le responsable de la Monusco (Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RD Congo), Martin Kobler, a déploré la mort de «deux manifestants lors des évènements de la journée du (samedi) 24 août à Goma», sans en préciser les circonstances.

M. Kobler a «demandé l'ouverture d'une enquête conjointe conduite par la police de la RDC et celle de la Monusco», dans un communiqué daté de samedi publié sur le site internet de la Monusco.

Sur place, des témoins accusaient dimanche les Casques bleus uruguayens d'être responsables de ces deux morts.

«Ce sont les Casques bleus uruguayens qui ont tiré sur notre groupe, deux personnes sont mortes sur le coup et quatre ont été blessées et dépêchées à l'hôpital», a affirmé dimanche matin à l'AFP l'un de ces témoins, Augustin Matendo.

Il a assuré que les manifestants tentaient de pénétrer dans un camp situé en bordure de l'aéroport où sont installés les soldats uruguayens de la Monusco.

Selon une source militaire occidentale jointe par l'AFP, soucieuse de garder l'anonymat, «le détachement uruguayen a été débordé par la foule qui tentait d'entrer dans son campement et a tiré pour la disperser».

La Monusco n'a pu être jointe dimanche matin par l'AFP.

Les États-Unis, de leur côté, ont apporté leur soutien à la mission de l'ONU.

«Les attaques contre les installations et le personnel de l'ONU sont inacceptables», a souligné une porte-parole adjointe du département d'État, Marie Harf, dans un communiqué.

Les États-Unis se disent également «très inquiets» de l'escalade des combats entre l'armée et les rebelles dans l'est du pays.

«Nous condamnons les actions (des rebelles) du M23, qui ont fait des victimes civiles, mené des attaques contre la Monusco et entraîné d'importants déplacements de population», poursuit le communiqué.

«Nous appelons le M23 à mettre fin immédiatement aux hostilités, à déposer les armes et à se dissoudre, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU», indique le département d'État.

Trois personnes avaient été tuées par la chute d'un obus, samedi sur un faubourg de Goma, trois jours après la reprise des affrontements entre les rebelles congolais du M23 et l'armée gouvernementale, selon des habitants.

Ces bombardements avaient provoqué une vive tension dans la ville où des habitants avaient manifesté contre la Monusco qu'ils accusaient de passivité face aux rebelles du M23.

Les forces spéciales uruguayennes participent à la Monusco en tant que troupes d'intervention. Elles assurent également le contrôle de la navigation sur le lac Kivu.

La Monusco présente depuis quinze ans en RDC tente d'aider l'armée gouvernementale dans sa lutte contre les mouvements rebelles et les groupes armés dans l'Est du pays. Elle a été dotée depuis quelques mois d'un mandat plus offensif afin de désarmer ces groupes et de les neutraliser. Une brigade d'intervention est en cours de constitution à cette fin et devrait compter 3000 hommes.

Les Casques bleus sont environ 17 000 dans le pays, venus notamment d'Inde, du Pakistan, du Ghana et d'Uruguay.

Le porte-parole militaire de l'ONU en RDC, le lieutenant-colonel Prosper Basse, avait affirmé vendredi que la Monusco était «désormais engagée» aux côtés de l'armée régulière congolaise, contre les rebelles.

Samedi, trois Casques bleus ont été blessés par des obus tombés près des positions de la Monusco et «tirés à partir des positions du M23», selon le communiqué du chef de la Monusco, M. Kobler.