Le Conseil de sécurité de l'ONU a estimé mercredi que la crise en Centrafrique était une «grave menace» pour la région et s'est déclaré «prêt à envisager toutes les options possibles pour stabiliser» le pays.

La déclaration adoptée unanimement par les 15 pays membres ne précise pas ces options. Dans un récent rapport, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon recommandait des sanctions contre les responsables de la coalition Séléka coupables d'exactions.

Selon le représentant spécial de l'ONU en République centrafricaine (RCA) Babacar Gaye, ces menaces de sanctions «sont une forme de pression pour améliorer la situation des droits de l'homme» en RCA.

«Le conflit armé et la crise en RCA représentent une grave menace pour la stabilité de la RCA et de la région», ont estimé les 15 pays membres.

Ils se disent «très inquiets» de la détérioration de la sécurité - soulignant «l'absence d'État de droit» - et de la situation humanitaire. Ils déplorent «de nombreuses violations des droits de l'homme, en particulier par des éléments de la Séléka» (meurtres, viols, enrôlement d'enfants soldats).

Le Conseil lance un «appel urgent» aux donateurs à mieux financer l'aide humanitaire.

Il affirme que les responsables d'exactions «doivent être tenus pour responsables aux niveaux national et international».

Il «salue» la décision de l'Union africaine (UA) de créer une Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), forte de 3600 hommes, qui «va contribuer de manière importante» à stabiliser le pays.

Le général Gaye a cependant estimé devant la presse que les 3600 hommes de la Misca ne «seront pas suffisants si on veut tenir le terrain».

«Il faudra voir dans quel délai cette force sera entièrement générée et quelles seront les réactions des autorités et de la Séléka à son déploiement», a-t-il expliqué. Une mission d'évaluation de l'UA doit se rendre à Bangui la semaine prochaine.

Sur le plan politique, les membres du Conseil ont réclamé des «progrès rapides» pour appliquer les accords de transition et organiser des «élections libres, transparentes et équitables».

Ils se sont inquiétés de la «recrudescence des opérations de la LRA» (Armée de résistance du Seigneur) à la faveur du chaos en RCA. La LRA, une des guérillas les plus meurtrières du continent, est réputée active en RCA, République démocratique du Congo (RDC) et Soudan du Sud.

Plusieurs hauts responsables de l'ONU, dont M. Gaye et la patronne des opérations humanitaires Valerie Amos, avaient invité mercredi le Conseil à se mobiliser pour éviter que la RCA ne devienne un «État failli».

Selon l'ONU, 1,6 million de Centrafricains ont besoin d'une aide d'urgence et 206 000 personnes ont été déplacées, dont 60 000 ont fui dans les pays voisins.

Pour Mme Amos, «il est essentiel, pour que les opérations humanitaires puissent se poursuivre en toute sécurité, que la mission de l'Union africaine (Misca) ait les fonds et le soutien logistique nécessaires pour agir efficacement».

Elle a aussi demandé «d'accroître le financement» international: 32% seulement des 195 millions de dollars demandés par l'ONU ont été recueillis pour l'instant.

Selon des diplomates, la France a l'intention de présenter dans les prochaines semaines un projet de résolution pour préciser le mandat de la Misca.

L'UA a demandé à l'ONU un soutien et un appui financier et logistique pour la Misca. Celle-ci intégrera des soldats camerounais, congolais, gabonais et tchadiens, mais n'est pas encore opérationnelle.

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