Un gigantesque incendie, qui a ravagé mercredi le principal aéroport de Nairobi, hub aérien africain, n'a fait aucune victime, mais d'énormes dégâts et contraint les compagnies aériennes à annuler ou dérouter l'ensemble de leurs vols internationaux.

De premiers vols internationaux, en provenance de Londres et Bangkok, devraient pouvoir atterrir au terminal réservé aux vols intérieurs jeudi matin, a affirmé la compagnie Kenya Airways. Les vols intérieurs et le transport de fret ont eux repris mercredi soir.

Aucune indication n'était cependant encore disponible concernant les autres vols vers l'étranger et en provenance de l'étranger.

L'impressionnant incendie a commencé selon les autorités kényanes peu avant 5 h du matin (22 h à Montréal) à des guichets immigration des arrivées internationales de l'aéroport international Jomo Kenyatta (JKIA).

En quelques heures, il était maîtrisé, mais pendant plusieurs heures, de gigantesques flammes et nuages de fumée noire ont été observés à des kilomètres à la ronde.

Des parties de l'aéroport se sont effondrées et les secours, bien que déployés rapidement selon des témoins, ont manqué de ressources.

Malgré tout, «aucune victime n'a été signalée dans l'incendie», a déclaré à l'AFP Nelly Muluka, porte-parole de la Croix-Rouge kényane. Le patron de Kenya Airways, Titus Naikuni, a de son côté simplement indiqué qu'un employé de la compagnie aérienne et un passager, victimes de l'inhalation de fumées toxiques, avaient été transférés à l'hôpital, mais ne semblaient pas en danger.

La cause de l'incendie n'a pas encore été déterminée, mais le chef de la police kényane, David Kimaiyo, a annoncé l'ouverture d'une enquête, et appelé la population à rester calme.

Des vols prévus sur Nairobi ont été déroutés sur d'autres aéroports, dont celui de Mombasa, la grande ville côtière kényane sur l'océan Indien.

La compagnie aérienne Kenya Airways a annoncé l'annulation mercredi de tous ses vols internationaux. Parmi les autres compagnies affectées, British Airways a annoncé l'annulation d'un vol, la compagnie aérienne néerlandaise KLM quatre (deux allers, deux retours) et South African Airways deux.

Des dizaines de milliers de passagers affectés

Des dizaines de milliers de passagers risquent d'être touchés par la paralysie de l'un des principaux hubs aériens d'Afrique.

L'aéroport JKIA, par lequel transitent quelque 16 000 passagers tous les jours selon les autorités kényanes, assure de nombreux vols intérieurs, mais dessert aussi de nombreuses capitales africaines et plusieurs destinations européennes, asiatiques et du Moyen-Orient.

Selon une source régionale de l'aviation civile, JKIA a vu l'an dernier passer 6,2 millions de passagers. Le mois d'août est particulièrement chargé: les touristes occidentaux en vacances d'été, friands des parcs animaliers kényans et de ses côtes de sable blanc, y affluent alors.

Des morceaux de toit effondrés

«Nous transférons les passagers dans des hôtels, mais ce n'est pas facile», a affirmé une hôtesse de l'air de Kenya Airways. «La plupart sont pleins, parce que la haute saison vient de commencer.»

Tôt mercredi, le président kényan, Uhuru Kenyatta, dont le père, premier président du Kenya, a donné son nom à l'aéroport international, s'est rendu sur les lieux de la catastrophe pour évaluer l'ampleur des dégâts.

Qualifiant l'incendie «d'événement tragique», il a promis que tous les efforts seraient entrepris pour un retour à la normale le plus rapidement possible.

Un responsable du ministère kényan de l'Intérieur, Mutea Iringo, a affirmé que des secteurs arrivées et immigration de l'aéroport avaient été «entièrement détruits». «Il s'agit d'une crise majeure», a renchéri le ministre des Transports, Michael Kamau.

Un témoin venu attendre un passager à JKIA, Sylvia Amondi, a évoqué une situation de «chaos dans tout l'aéroport». «On ne nous a pas dit quelle était la cause de l'incendie, mais il y a de la suie partout», a poursuivi cette femme, ajoutant qu'une partie du toit des arrivées internationales s'était «effondrée».

«Les restaurants et magasins ont été rasés,» a-t-elle ajouté. «La brigade des pompiers de l'aéroport est intervenue rapidement, mais il n'y avait pas assez de personnel. L'armée et des policiers sont arrivés avec des seaux pour éteindre manuellement le feu.»

Tôt dans la matinée, le ministère de l'Intérieur a dû lancer un appel aux automobilistes pour qu'ils laissent la voie libre aux secours, alors que les pompiers se mettaient à manquer dangereusement d'eau. Les routes accédant à l'aéroport ont même ensuite été fermées pour laisser l'entière priorité aux secours.

L'aéroport de Nairobi est desservi par une voie express qui relie la capitale kényane à l'important port de Mombasa. L'axe est régulièrement en proie à de massifs embouteillages.

Deux jours avant cet incendie majeur, l'activité de l'aéroport avait déjà été sérieusement perturbée par des problèmes d'approvisionnement en kérosène.

Le feu s'est déclenché 15 ans jour pour jour après la double attaque contre les ambassades américaines à Nairobi et Dar es-Salaam, la capitale économique de la Tanzanie voisine. Ces attentats, perpétrés par Al-Qaïda, avaient fait 224 morts.

Rien n'indiquait cependant à ce stade que l'incendie pourrait être d'origine criminelle.

«Il n'y a aucune raison de spéculer à ce stade,» a affirmé dans un communiqué le porte-parole du président Kenyatta, Manoah Esipisu.