Quatorze personnalités proches de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, dont son fils Michel, détenues après la sanglante crise postélectorale de 2010-2011, ont obtenu une mise en liberté provisoire, a annoncé lundi le ministère de la Justice.

Cette mise en liberté provisoire a été accordée «d'office par la chambre d'accusation» du tribunal d'Abidjan, selon un communiqué du ministère lu à la télévision publique RTI.

«Il ne s'agit que de mise en liberté provisoire, les procédures en vue de jugements poursuivent leur cours et connaîtront sûrement leur dénouement d'ici la fin de l'année», a précisé le texte.

Outre, le franco-ivoirien Michel Gbagbo, Pascal Affi N'Guessan, ex-patron de l'ancien parti au pouvoir, le Front populaire ivoirien (FPI) et Justin Koua, responsable de la jeunesse du FPI, figurent parmi les personnes libérées. La chambre d'accusation se réunira mardi «exceptionnellement» pour «ordonner» la libération de Michel Gbagbo, a expliqué son avocat Me Rodrigue Dadjé.

Cette mesure de mise en liberté provisoire a été saluée par l'ensemble de la classe politique.

«La décision de justice qui est prise est encourageante», a estimé Richard Kodjo, secrétaire général du FPI. M. Kodjo a réclamé «un acte courageux de libération sans condition» de tous les prisonniers politiques y voyant une «voie royale vers l'apaisement et la réconciliation».

Le gouvernement du président Alassane Ouattara a souhaité que cette libération provisoire «contribue à l'apaisement du climat sociopolitique» en Côte d'Ivoire, selon un communiqué du conseil des ministres.

Pour le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR),l'ex-premier ministre Charles Konan Banny, cette décision «revêt un caractère spécial et hautement symbolique».

«Elle fera date dans l'histoire de notre pays» a-t-il ajouté, soulignant qu'il s'agit «de personnalités de premier plan» du précédent régime.

Huit responsables proches de l'ancien régime dont l'ex-Premier ministre Gilbert Aké N'Gbo et son ministre de l'Économie, Désiré Dallo avaient bénéficié de la liberté provisoire fin 2012.

Ces mesures de liberté provisoire interviennent à l'avant-veille des festivités marquant l'anniversaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire prévues le 7 août.

La justice ivoirienne avait annoncé le 10 juillet le jugement de plus de 80 responsables pro-Gbagbo, dont l'ex-Première dame Simone Gbagbo, en cour d'assises pour leur implication présumée dans la crise. Cette dernière n'a pas bénéficié de la mesure de liberté provisoire.

La plupart des personnalités dont la libération a été annoncée lundi avaient été arrêtées et inculpées, notamment d'atteinte à la sûreté de l'État et d'infractions économiques, à la fin de la crise postélectorale, et incarcérées dans le nord du pays.

Née du refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara après sa défaite à la présidentielle de novembre 2010, la crise a fait quelque 3000 morts et a été l'aboutissement d'une décennie de tourmente.

M. Gbagbo est détenu depuis fin 2011 à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI), qui le soupçonne de crimes contre l'humanité.

La CPI a également émis fin 2012 un mandat d'arrêt contre Simone Gbagbo. Le régime d'Abidjan n'a toujours pas donné de réponse.