Le Mouvement du 23 mars (M23) a menacé samedi de reprendre Goma, ville clé de l'est de la République démocratique du Congo, si le gouvernement ne respectait pas ses engagements, a-t-on appris auprès du président politique du Mouvement, Bertrand Bisimwa.

«Si le gouvernement ne respecte pas la déclaration (du 24 novembre) des chefs d'État de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs), cela nous donne le pouvoir de revoir nos positions et de les ramener (nos positions) à Goma», a déclaré à l'AFP Bertrand Bisimwa, interrogé par l'AFP à Bunagana, à la frontière avec l'Ouganda.

Après une offensive éclair, le M23 a occupé fin novembre Goma, capitale de la province riche et instable du Nord-Kivu (est). Il s'en est retiré sous la pression des États de la CIRGL et contre la promesse de l'ouverture d'un dialogue avec Kinshasa. Ce dialogue, commencé en décembre à Kampala, est pour l'heure au point mort.

«Les positions qui nous avaient été assignées par la CIRGL, nous les avons respectées. Le retrait de la ville de Goma a été effectif. Mais le déploiement de la compagnie du M23 à l'aéroport de la ville de Goma n'a jamais été effectué, la démilitarisation de la ville n'a jamais été effective», a accusé Bertrand Bisimwa.

«Nous avons respecté notre part du contrat, nous voulons que le gouvernement respecte sa part», a-t-il conclu.

Le M23 est actif depuis mai 2012. Il est essentiellement composé de Tutsi congolais intégrés dans les forces régulières congolaises, les FARDC, à la faveur d'un accord de paix signé en 2009. Ils se sont mutinés en avril 2012, estimant que cet accord n'avait jamais été pleinement respecté.

Les positions du M23 sont adossées au Rwanda et à l'Ouganda, accusés par des experts de l'ONU de soutenir le M23 - ce que ces pays ont toujours réfuté.

Le 14 juillet, après environ deux mois de trêve, des combats ont repris entre le M23 et l'armée près de Goma. Des obus de la rébellion avaient alors touché la capitale provinciale. Pour prévenir une telle menace, la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco) a établi une zone de sécurité autour de la région de Goma-Sake.

Cette région compte un million d'habitants, dont plusieurs dizaines de milliers de déplacés de guerre. Sa sécurisation sera assurée par la Monusco et sa brigade d'intervention, au mandat offensif et dotée de 3000 hommes.

Cette mission est la première de cette brigade, encore incomplète, qui doit combattre des groupes armés de l'Est congolais. Sa mise en service était très attendue par la population, mais beaucoup regrettent que la zone sécurisée ne s'étende pas aux zones sous contrôle du M23, principale rébellion du Nord-Kivu.