Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a averti vendredi que la récente embuscade au Darfour, qui a coûté la vie à sept Casques bleus, pourrait faire l'objet de poursuites en tant que crime de guerre.

«Le procureur rappelle à toutes les parties du conflit que la CPI a juridiction au Darfour (...) et que les attaques intentionnelles contre des forces de maintien de la paix pourraient constituer des crimes de guerre», a déclaré Fatou Bensouda dans un communiqué.

Sept Casques bleus ont été tués et 17 autres blessés - le bilan le plus lourd en cinq ans d'opérations pour cette mission - samedi 13 juillet dans l'embuscade menée, selon la MINUAD, par «un groupe important non identifié».

«Le bureau (du procureur) n'hésitera pas à enquêter et poursuivre tous ceux qui seront soupçonnés d'avoir commis ces crimes, si les autorités nationales n'agissent pas», a ajouté Mme Bensouda.

Elle a également appelé le gouvernement soudanais à mener «une enquête rapide et complète afin de traduire en justice les responsables».

Près d'une cinquantaine de Casques bleus ont péri lors d'actions hostiles depuis la mise en place de la MINUAD en 2008.

Le procès de deux chefs rebelles du Darfour, accusés d'avoir mené une attaque en 2007 contre une mission de maintien de la paix de l'Union africaine qui avait fait douze morts, devrait s'ouvrir devant la CPI en mai 2014.

L'un des deux hommes, Saleh Jerbo, aurait cependant été tué au combat en avril dernier.

Saleh Mohammed Jerbo Jamus («Jerbo»), âgé de 36 ans, était soupçonné par la CPI, avec un autre chef rebelle, Abdallah Banda Abaker Nourain («Banda»), de trois chefs d'accusation de crimes de guerre.

Ceux-ci auraient été commis au cours d'une attaque le 29 septembre 2007 contre la Mission de l'Union africaine au Soudan sur la base militaire d'Haskanita (nord du Darfour). Douze soldats de la force de paix, dont sept Nigérians, avaient été tués.

Des rebelles issus de tribus locales au Darfour se sont soulevés contre Khartoum en 2003 pour dénoncer la domination économique et politique des élites arabes, déclenchant un conflit long et dévastateur qui a fait au moins 300 000 personnes et 1,8 million de déplacés au Darfour, selon l'ONU. Khartoum parle de 10 000 morts.