L'armée éthiopienne, entrée en Somalie en novembre 2011 pour combattre les insurgés islamistes shebab, a commencé à se retirer de la ville-clé de Baïdoa, dans le sud-ouest, a affirmé jeudi soir à l'AFP le porte-parole du ministère éthiopien des Affaires étrangères.

«Les soldats éthiopiens se retirent de Baïdoa et l'Amisom (force de l'Union africaine en Somalie) va prendre le relais», a affirmé le porte-parole, Dina Mufti.

L'Éthiopie fait part depuis des mois de son intention de se retirer de Somalie, et de laisser l'Amisom, qui intervient déjà en soutien des fragiles autorités de Mogadiscio, prendre le contrôle des positions qu'elle détient.

En mars, les soldats éthiopiens avaient déjà quitté par surprise la localité de Hudur, qui avait immédiatement été reprise par les shebab, et des sources concordantes affirmaient alors que des préparatifs étaient en cours pour un retrait de Baïdoa, grande ville du Sud somalien prise aux insurgés en février 2012.

«Il y a un calendrier ferme de retrait des soldats éthiopiens de toutes les opérations cette année, en partant du principe que les shebab ne reviendront pas,» a poursuivi M. Dina. «Cela suppose une stratégie et une coordination pour assurer une transition sans heurts», a-t-il ajouté.

Depuis des mois, le retrait attendu des Éthiopiens du sud de la Somalie où ils étaient entrés un mois après l'armée kényane suscite questions et inquiétudes.

Car l'armée éthiopienne joue un rôle crucial dans la région et certains doutent que l'Amisom, qui compte quelque 17 700 hommes, ait les ressources nécessaires pour la suppléer sans dégarnir d'autres zones.

Le contingent kényan entré en Somalie en octobre 2011, lui aussi pour combattre les shebab, est désormais intégré à l'Amisom. Les soldats éthiopiens présents en Somalie, dont le nombre exact est inconnu, mais qui sont estimés entre 3000 et 8000 hommes, n'ont eux jamais rejoint la force de l'Union africaine et Addis Abeba supporte ainsi seule le coût élevé de son intervention militaire.

Les shebab ont été chassés de la capitale somalienne Mogadiscio en août 2011 par l'Amisom et la fragile armée somalienne. Depuis, ils ont perdu un à un leurs bastions dans le centre et le sud de la Somalie.

Les islamistes sont également en proie à de fortes dissensions internes - une purge est même actuellement orchestrée par leur chef suprême.

Depuis bientôt un an, la Somalie dispose aussi pour la première fois en 20 ans d'un gouvernement qui ambitionne de durer et étend peu à peu son autorité à la faveur du recul militaire des insurgés.

Mais les shebab restent malgré tout une menace au rétablissement de la paix dans une Somalie ravagée par plus de deux décennies de combats.

La Somalie est en état de guerre civile depuis la chute du président Siad Barre en 1991. L'absence de réelle autorité centrale depuis cette date a favorisé les rivalités entre clans, l'émergence de milices, de groupes de pirates ou d'insurgés qui contrôlent de plus ou moins grandes parties du territoire.