Des opposants ont manifesté dimanche dans deux villes du nord de l'Éthiopie pour demander la libération de journalistes et de responsables politiques emprisonnés en application d'une législation anti-terroriste controversée.

Le gouvernement, qui exerce un strict contrôle sur le pays et n'avait pas autorisé la manifestation, a cependant laissé les défilés se dérouler pacifiquement dans les villes de Gondar et Dessie où les manifestants ont scandé «liberté» et brandi des photos de journalistes et hommes politiques détenus.

Selon des responsables gouvernementaux, les deux manifestations ont réuni au total quelque 1500 personnes, tandis que les organisateurs évaluaient la participation à jusqu'à 20 000 manifestants.

«Les actions de protestation ont été pacifiques et réussies», a déclaré un des organisateurs, Senegas Gidada, président du parti Unité pour la Démocratie et la Justice (UDJ).

«Nous critiquons le manque de droits de l'homme et de libertés démocratiques en Éthiopie», a-t-il dit.

Les manifestations de Gondar et Dessie font suite à une marche le mois dernier dans la capitale, Addis Abeba, où des milliers de gens ont demandé la libération de prisonniers politiques.

Cette manifestation était la plus importante en Éthiopie depuis les violences post-électorales de 2005 qui avaient fait quelque 200 morts et où des centaines de personnes avaient été arrêtées.

C'était également la première manifestation d'ampleur depuis le décès en août 2012 du premier ministre Meles Zenawi, qui était à la tête de l'Éthiopie depuis 1991.

Un participant à la manifestation de dimanche à Gondar, un jeune chômeur joint par téléphone, s'est plaint que «la vie était trop chère».

«Nous sommes privés de droits. Les chiens dans les rues ont plus de liberté que nous. Nous allons continuer à protester jusqu'à ce que le gouvernement procède à des changements fondamentaux», a-t-il ajouté.

Une nouvelle manifestation est prévue pour le mois prochain.

Le pouvoir a rejeté les accusations des opposants.

«Les manifestants exigent la libération de prisonniers qui ont été condamnés pour terrorisme. Il ne s'agit pas de manifestations pour la démocratie», a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement Shimeles Kemal.

«La plupart des manifestants sont des extrémistes islamiques», a-t-il ajouté.

Plusieurs journalistes et opposants sont incarcérés en Éthiopie en vertu d'une loi anti-terroriste très critiquée par les associations de défense des droits de l'homme qui estiment que son caractère imprécis est utilisé pour étouffer la liberté d'expression et museler l'opposition.

Le vice-président de l'UDJ, Andualem Arage, et le journaliste Eskinder Nega ont été condamnés à des peines de prison l'an dernier au titre de cette législation.

L'opposition est faible en Éthiopie où elle ne détient qu'un seul des 547 sièges au Parlement, les 546 autres étant aux mains de la coalition du Front démocratique révolutionnaire du Peuple éthiopien (EPRDF), au pouvoir depuis 1991.