L'état de santé de Nelson Mandela «s'est amélioré durant la nuit», a déclaré le président sud-africain Jacob Zuma, qui s'est rendu à la mi-journée à l'hôpital de Pretoria où est soigné Madiba pour une infection pulmonaire grave, après avoir renoncé à un déplacement à l'étranger.

Plus tôt dans la  journée, des membres de la famille de Nelson Mandela ont déclaré s'attendre à son décès «d'un instant à l'autre».

«Je ne peux que répéter que papa est dans un état très critique. Tout peut arriver d'un instant à l'autre», a déclaré sa fille aînée Makaziwe au journal de midi de la radio-télévision publique SABC.

«Seul Dieu sait quand ce sera l'heure (...). Nous allons attendre avec lui, avec papa, tant qu'il est encore avec nous, ouvrant les yeux et réagissant au toucher. (...) Nous allons vivre avec cet espoir jusqu'à ce que vienne la fin», a-t-elle dit.

C'est la première fois que la famille évoque publiquement la perspective de la disparition du héros de la lutte anti-apartheid, icône mondiale de la réconciliation et père de la démocratie sud-africaine.

«C'est une épreuve parce que nous devons tout faire au vu et au su de tous», a déclaré pour sa part une des petites-filles Ndileka, devant l'hôpital, désignant les dizaines de journalistes et équipes de télévision campant devant la clinique.

Toute la nuit, de petites bougies déposées par des anonymes ont brûlé devant le Mediclinic Heart Hospital, symboles de la gratitude et de l'affection des Sud-Africains envers leur premier président noir.

Nelson Mandela dont le pronostic vital est engagé depuis dimanche n'est plus en état de respirer sans assistance artificielle, selon Napilisi Mandela, un chef de clan de sa région natale venu à son chevet mercredi soir. «Oui, il utilise des machines pour respirer», a-t-il dit à l'AFP. «C'est triste, mais c'est tout ce qu'on peut faire.»

M. Zuma s'est, lui, abstenu d'entrer dans les détails médicaux mercredi soir avant d'annoncer l'annulation d'un déplacement au Mozambique à une petite heure de vol. Il est revenu à l'hôpital jeudi en milieu de journée, ont constaté des photographes de l'AFP.

Jeudi, plusieurs de ses ministres ont changé de ton, passant du registre de la santé à celui des hommages et des appels à l'unité du pays. «Sa présence physique n'est qu'une partie de ce qu'il est... sa présence spirituelle doit continuer à vivre», a ainsi déclaré le ministre à la présidence Trevor Manuel, appelant «chacun à être un Nelson Mandela» et «à perpétuer son héritage».

«Il nous revient à tous, en cette heure sombre, de penser et de prier pour Nelson Mandela, mais aussi de célébrer une vie bien vécue et c'est pourquoi nous disons longue vie à Nelson Mandela», a pour sa part déclaré le ministre des Sports Fikile Mbalula, appelant le pays «à unir ses forces».

Nelson Mandela, premier président noir d'Afrique du Sud, est victime d'une infection pulmonaire à répétition, séquelle probable de ses 27 années d'incarcération sous le régime raciste de l'apartheid contre lequel il a guidé la lutte.

Obama attendu ce week-end

À l'hôpital, il est veillé jour et nuit par Graça Machel, son épouse depuis quinze ans, tandis que, du monde entier, les messages continuent d'affluer.

«Je sais que nos pensées et prières sont pour Nelson Mandela, sa famille et ses proches, tous les Sud-Africains et les gens dans le monde entier qui ont été inspirés par sa vie remarquable et son exemple», a ainsi déclaré le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon lors d'un discours à New York pour le 50e anniversaire de l'Organisation de l'unité africaine (OUA, devenue l'Union africaine).

L'ancienne chef de la diplomatique américaine, Hillary Clinton, a elle aussi adressé dans un tweet «son amour et ses prières à notre grand ami Madiba, à sa famille et à son pays en cette période difficile».

La Maison-Blanche a également témoigné son affection, sans préciser si l'état critique de Mandela risquait d'affecter la venue du président Barack Obama, attendu en Afrique du Sud vendredi soir dans le cadre d'une tournée africaine qui fait figure d'événement.

Libéré en 1990, Mandela a reçu en 1993 le prix Nobel de la paix pour avoir su mener à bien les négociations en vue d'installer une démocratie multiraciale en Afrique du Sud, conjointement avec le dernier président du régime de l'apartheid, Frederik de Klerk.

Mandela a été de 1994 à 1999 un dirigeant de consensus qui a su gagner le coeur de la minorité blanche dont il avait combattu le régime brutal.

Il n'est plus apparu en public depuis la finale de la Coupe du monde de football, en juillet 2010 à Johannesburg.