Barack Obama visitera jeudi avec sa famille Gorée, île symbole de la traite négrière au large de Dakar, une étape historique pour le premier président américain noir dont le père est originaire d'un pays africain, le Kenya, et l'épouse descendante d'esclaves.

Barack Obama sera le troisième président américain, après Bill Clinton en 1998 et Georges Bush en 2003, à visiter Gorée, à une vingtaine de minutes de bateau de la capitale.

M. Obama, né d'un père noir originaire du Kenya et d'une mère blanche, est ainsi le premier dirigeant noir américain à se rendre en pèlerinage sur ce site historique classé au patrimoine mondial par l'UNESCO.

Il sera accompagné par sa femme Michelle, une Afro-américaine descendante d'esclaves pour qui ce passage aura encore davantage de valeur symbolique.

La Première dame des États-Unis est issue d'une famille dont deux membres étaient d'anciens esclaves de Georgie et de Caroline du Sud, dans le Sud des États-Unis.

Avant Gorée, le président américain s'était rendu avec son épouse, en 2009, lors de leur première visite en Afrique subsaharienne, au fort ghanéen de Cape Coast,  un autre haut lieu de la traite négrière dans l'ancienne Gold Coast, le Ghana actuel.

Le président Obama doit séjourner du 26 au 28 juin au Sénégal, première étape de sa deuxième tournée africaine devant le conduire jusqu'au 3 juillet également en Afrique du Sud et en Tanzanie.

Gorée est une étape presque obligée pour les dirigeants du monde de passage au Sénégal, et a vu passer d'illustres visiteurs comme le Pape Jean Paul II et le premier président noir sud-africain Nelson Mandela, 94 ans, hospitalisé depuis deux semaines à Pretoria dans un état critique.

Les Afro-Américains de passage au Sénégal, comme le militant des droits des Noirs, Jesse Jackson, font généralement un tour sur cette île, rendue célèbre par sa Maison des esclaves et sa porte du «voyage sans retour», d'où partaient pour un ultime voyage les esclaves acheminés vers les plantations d'Amérique.

Selon des historiens, Gorée a joué un rôle important dans la traite atlantique. Après le Portugais Denis Dias, premier Européen à débarquer en 1444 sur cette île alors inhabitée, elle a été occupée au début du 17e siècle par les Néerlandais qui lui donneront le nom de «Goeree (Goede Reede)», bonne rade, en raison de la facilité d'accès de sa rade.

Les Néerlandais, à l'exception d'une brève occupation anglaise en 1664, vont rester maîtres de l'île, convoitée par de nombreuses puissances européennes comme le Portugal, jusqu'à sa prise par les Français en 1677.

Pèlerinage sous haute surveillance

En prévision de la venue de Barack Obama à Gorée, l'île a été placée sous haute surveillance.

Le quai a été refait et des policiers circulent sur des rues nettoyées pour l'occasion, en face de restaurants dans l'attente de leur fermeture jeudi.

«Les sites devant accueillir les Américains et les itinéraires de passage des cortèges» font l'objet d'une surveillance accrue, a affirmé à l'AFP une source sécuritaire.

Pour sécuriser l'île, la police a interpellé mercredi 18 personnes à Gorée, notamment pour détention de chanvre indien, lors d'une opération au cours de laquelle des incidents l'ont opposée à des habitants.

«C'est l'esclavage qui est revenu et ce n'est pas normal», a affirmé une habitante de Gorée, se plaignant des restrictions dans les mouvements des insulaires.

«On a été rassuré par la première mission américaine. Il n'y aura pas de répétition de la visite de Georges Bush (en juillet 2003). Les présidents et le contexte sont différents et les populations seront heureuses d'accueillir le premier président noir des États-Unis», a affirmé le maire de Gorée, Me Augustin Senghor.

Des habitants de Gorée avaient alors été soumis lors de cette visite à des restrictions jugées sévères.