L'état de l'ancien président sud-africain Nelson Mandela, hospitalisé depuis une semaine pour une infection pulmonaire, est encourageant, a indiqué son petit-fils samedi, qui l'a trouvé bien en lui rendant visite cette semaine.

«Il semblait aller bien. Cela nous a donné l'espoir qu'il allait bientôt se rétablir», a déclaré Mandla Mandela, qui s'exprimait en xhosa, pendant les funérailles d'une cousine du héros de la lutte anti-apartheid dans son village de Qunu (sud).

Mandla, qui est maintenant le chef de la famille, a rendu visite à Mandela cette semaine, tout comme Graça, l'actuelle épouse du héros de la lutte anti-apartheid, son ex-femme Winnie, ses trois filles survivantes et la plupart de ses 17 petits-enfants.

Les nombreuses personnes venues rendre un dernier adieu à Florence Mandela samedi ont prié et chanté des hymnes pour le grand homme.

Un prêtre a dit une prière spéciale, appelant l'assistance à observer une minute de silence pour Mandela, qui en est à son huitième jour d'hospitalisation à Pretoria, dans un état toujours grave.

«Nous tenons à vous assurer de nos prières pour l'icône, le père de la nation», a dit le père Manciya à la famille Mandela.

«Nous prions pour son rétablissement. Nous prions pour que vous soyez à côté de lui à chaque minute, chaque heure et chaque instant.»

Zine Mgavu, 50 ans, a indiqué à l'AFP qu'il faisait confiance aux informations réconfortantes apportées par Mandla «parce qu'elles viennent d'un membre de la famille».

«Nous sommes contents, cela nous donne l'espoir qu'il va pouvoir rentrer chez lui», a renchéri Mgavu, un habitant de Qunu.

Nelson Mandela qui dit avoir passé à Qunu les plus belles années de sa jeunesse, s'y est fait construire une maison après sa sortie de prison, en 1990. Il a dû la quitter en décembre 2012 pour être hospitalisé en urgence à Pretoria. Il en est à sa quatrième hospitalisation depuis.

Il souffre des séquelles d'une tuberculose contractée pendant les vingt-sept années passées dans les geôles du régime raciste de l'apartheid.

Les derniers bulletins de santé de Mandela diffusés par les autorités n'ont pourtant pas été très réguliers: le président Jacob Zuma a indiqué mercredi devant le Parlement qu'il réagissait «mieux au traitement», le gouvernement ajoutant jeudi dans le communiqué du conseil des ministres qu'il réagissait même «bien»

«La santé de Madiba continue de s'améliorer, mais son état demeure grave», a précisé M. Zuma jeudi soir après lui avoir rendu visite, appelant son illustre prédécesseur par son nom de clan, en signe de respect et d'affection.

La présidence est restée muette vendredi, de même que M. Zuma,  et son porte-parole Mac Maharaj a téléphoné samedi. La sécurité a été encore renforcée devant l'hôpital de Pretoria où a été admis Mandela.

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Le coup de gueule d'un ancien garde du corps de Mandela

Nelson Mandela «est un homme très seul», a déclaré samedi l'un de ses gardes du corps à l'AFP, accusant l'équipe médicale de l'icône de la lutte anti-apartheid de vouloir contrôler ses visites comme si Mandela était de «nouveau en prison».

Récemment limogé pour avoir dévoilé le nom de l'hôpital de Prétoria où a été admis M. Mandela dans un état grave, Shaun van Heerden, membre d'un service d'élite de la police de protection présidentielle, ne mâche pas ses mots.

Alors que l'Afrique du Sud et le reste du monde retiennent leur souffle, une semaine après la nouvelle hospitalisation du héros national, l'ex-garde du corps de Mandela ne mâche pas ses mots.

Sa cible: l'équipe médicale de Mandela dirigée par le chirurgien-chef de l'armée, le général Vejay Ramlakan, qui exerce un contrôle inutilement très strict, selon lui, des visites à l'ancien président.

«Parfois, on avait l'impression qu'il (Mandela) était de retour en prison», a déclaré van Heerden à l'AFP, dans une allusion aux vingt-sept années de prison purgées par Mandela sous le régime de l'apartheid.

Avant sa dernière hospitalisation le 8 juin dernier, Nelson Mandela, dont la santé est très fragile, recevait des soins à son domicile de Johannesburg.

«Même avant son admission à l'hôpital, rares étaient les personnes autorisées à le voir. Et certains de ses vieux amis étaient interdits de visite», selon son ancien garde de corps.

M. Van Heerden a également accusé des membres de l'équipe médicale de Mandela de se comporter comme des «célébrités» et d'outrepasser leurs prérogatives lorsqu'ils étaient à son chevet, et de chercher à se mettre en valeur en prenant la pause pour des photos à ses côtés.

«J'en ai même vu certains qui mettaient sous son nez des copies de ses mémoires +Un long chemin vers la liberté+ pour qu'il signe», s'est ému l'ex-garde du corps.

«Ceci est incroyable, et je ne l'ai pas apprécié», a lancé l'ancien ange gardien de Mandela qui a veillé pendant dix ans sur son protégé.

«Un gentleman»

Mandela était selon lui un «gentleman qui se préoccupait vraiment de ceux qui l'entouraient».

Nelson Mandela fait l'objet d'une véritable vénération dans son pays, pour avoir négocié la fin du régime ségrégationniste de l'apartheid, au début des années 1990, en évitant des massacres interraciaux.

Àbientôt 95 ans, le leader s'est progressivement affaibli. Il a de nouveau été admis dans un hôpital de Pretoria aux premières heures de samedi dernier pour une infection pulmonaire récurrente. Il s'agit de sa quatrième hospitalisation depuis décembre.

La sécurité de la clinique spécialisée privée où il est soigné a été renforcée, avec une fouille systématique des voitures et des personnes s'y rendant pour le visiter.

«La santé de Madiba continue de s'améliorer, mais son état demeure grave», a déclaré jeudi le président Sud-africain Jacob Zuma dans un communiqué, appelant son illustre prédécesseur par son nom de clan, en signe de respect et d'affection.

Ces derniers jours, ses proches se sont succédé à son chevet au Mediclinic Heart Hospital de Pretoria, sans livrer la moindre indication à son sujet.

Malgré cela, Van Heerden estime que «Mandela est un homme très seul» qui aurait beaucoup aimé voir près de lui quelques-uns de ses amis de ses années de lutte.

«Lorsqu'il était chez lui, il aurait souhaité recevoir la visite de vieux amis, mais cela n'était pas autorisé», a-t-il regretté.

«Sûrement», a-t-il poursuivi, «des mesures sanitaires auraient pu être mises en place si on craignait que des personnes extérieures puissent apporter des infections».

La semaine dernière, le porte-parole du président, Mac Maharaj a démenti les rumeurs selon lesquelles sa famille aurait réclamé de limiter les visites au chevet de Mandela, notamment les leaders du parti ANC au pouvoir.

Les bulletins sur sa santé ont été irréguliers, alimentant les spéculations sur l'état exact de l'homme considéré comme le père de l'Afrique du Sud moderne.

Libéré de prison en 1990, Mandela a été de 1994 à 1999 le premier président noir de son pays, un dirigeant de consensus qui a su gagner le coeur de la minorité blanche dont il avait combattu l'oppression.

Retiré de la vie politique, il n'est plus apparu en public depuis 2010.