D'intenses tractations mercredi à Bamako ont échoué à convaincre le pouvoir malien de signer le compromis accepté par les rebelles touareg occupant Kidal (nord du Mali) en vue de la présidentielle de juillet: un accord devrait prendre encore plusieurs jours.

«Nous avons l'espoir d'aboutir dans quelques jours à un accord», a déclaré mercredi Pierre Buyoya, chef de la force africaine déployée au Mali (Misma).

Cet accord doit permettre un retour de l'armée malienne dans la ville de Kidal (nord-est), auparavant refusé par les mouvements armés touareg, dans la perspective de la présidentielle prévue le 28 juillet dans tout le Mali, une élection jugée cruciale par la communauté internationale.

M. Buyoya faisait partie d'une délégation de diplomates et partenaires internationaux (ONU, Afrique de l'Ouest, Union européenne, France, entre autres) qui ont accompagné à Bamako le médiateur burkinabè pour un entretien avec le président malien de transition Dioncounda Traoré, qui a duré plus de six heures.

Le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé et ses soutiens avaient fait cette visite impromptue mercredi dans la capitale malienne pour tenter d'arracher le feu vert de de Bamako au compromis conclu avec les rebelles touareg, issu des négociations menées avec des émissaires des deux camps depuis le week-end dernier à Ouagadougou.

La signature de l'accord entre la délégation des autorités maliennes, conduite par l'ex-ministre Tiébilé Dramé, et la délégation conjointe touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), était initialement attendue mardi dans la capitale du Burkina Faso.

«Dès demain (jeudi), nous allons poursuivre les négociations à Ouagadougou», a indiqué le chef de la Misma.

Selon lui, l'entretien mené avec le président Traoré n'avait «pas du tout pour but de signer un document» le jour même. Pourtant beaucoup, y compris le chef de la diplomatie française Laurent Fabius - qui soutenait le «bon texte» mis au point - espéraient bel et bien l'épilogue pour ce mercredi.

«Toutes les parties ont décidé de faire un effort pour aboutir à une paix globale», a ajouté l'ancien président burundais.

Selon des participants, si des avancées ont pu être enregistrées, les négociations bloquent toujours en particulier, du côté des autorités maliennes, sur le cantonnement et le désarmement des rebelles.

Pour les groupes touareg, leurs éléments seront cantonnés «avec leurs armes» et désarmés seulement une fois un accord final signé avec les autorités maliennes légitimes installées après la présidentielle, et conférant un «statut particulier» à l'Azawad, terme par lequel les autonomistes touareg désignent la région septentrionale du Mali.

Mais les autorités maliennes considèrent que le désarmement doit se faire dans la foulée du regroupement des combattants.

Mandats d'arrêt

Les discussions achoppent également sur la question des mandats d'arrêt lancés par la justice malienne contre des chefs du MNLA: ce mouvement en réclame la levée, mais Bamako y tient au nom de la lutte contre l'impunité.

«On ne peut pas passer sous silence tous les crimes commis par les groupes armés», a expliqué un officiel malien.

Les rebelles touareg se sont installés fin janvier à Kidal à la faveur de l'intervention militaire française, appuyée par la Misma, contre les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda. Les jihadistes avaient pris en 2012 le contrôle du nord du Mali, s'alliant d'abord au MNLA qui avait lancé l'offensive, avant d'évincer ce mouvement dans la région.

La Minusma, la mission onusienne attendue au Mali en juillet et qui absorbera la force africaine, devrait encadrer l'armée malienne à Kidal au moment de l'élection.

Pour les représentants touareg, il s'agit de «garde-fous» qui éviteront des «vengeances» de l'armée malienne une fois revenue dans la cité.

Les cas de représailles à l'encontre des Touareg et des communautés arabes dans le nord du Mali ont diminué depuis la mi-mars, a affirmé mercredi l'ONU à Genève, relevant toutefois une persistance des violations des droits de l'Homme.

Dans leur rapport sur les enfants et les guerres, les Nations unies affirment que des centaines d'enfants - principalement des garçons de 12 à 15 ans - ont été recrutés par des groupes islamistes, des rebelles touareg et des milices gouvernementales dans le nord du Mali.