L'ex-président sud-africain Nelson Mandela «réagit mieux au traitement» qu'il reçoit depuis son hospitalisation samedi pour une pneumonie, a annoncé mercredi le président Jacob Zuma devant le Parlement.

«Je suis heureux de vous annoncer que Madiba réagit mieux au traitement depuis ce matin», a déclaré le chef de l'État, donnant pour la première fois depuis cinq jours une indication positive sur la santé du héros de la lutte contre l'apartheid âgé de 94 ans.

«Nous sommes très heureux des progrès qu'il fait dorénavant, après ces derniers jours qui ont été difficiles», a poursuivi le chef de l'État.

«Aujourd'hui, le 12 juin», a rappelé M. Zuma, «marque le 49e anniversaire de la condamnation du président Nelson Mandela à la prison à vie, en 1964. En ce jour anniversaire si important, nos pensées vont au président Mandela et à sa famille».

«Nous appelons les Sud-Africains et la communauté internationale à continuer à garder le président Mandela dans leurs pensées et dans leurs prières», a-t-il ajouté.

Samedi, le prix Nobel de la paix 1993 avait été hospitalisé dans un état grave. Depuis cette date, les autorités s'étaient contentées décrire son état comme «stationnaire».

Lors des dernières hospitalisations de Mandela - il y en a déjà eu trois depuis décembre -, la présidence sud-africaine avait rapidement précisé qu'il réagissait bien au traitement. Rien de tel cette fois-ci.

Avant l'annonce de M. Zuma, l'ambiance était plutôt au pessimisme en Afrique du Sud. Même l'archevêque anglican Desmond Tutu, qui reçut comme Mandela le prix Nobel de la paix pour son combat contre l'apartheid, prie maintenant pour le «confort» de son ami. Et pas pour sa guérison.

Seul le président Jacob Zuma, qui a quitté la capitale pour un discours budgétaire devant le Parlement au Cap, se voulait plus rassurant mardi soir dans une entrevue à la télévision publique SABC.

«Je suis sûr, le connaissant, que c'est un bon combattant et qu'il sera avec nous très bientôt», a déclaré M. Zuma dans la version intégrale de cette interview, dont l'AFP a obtenu une copie. Cet extrait n'a bizarrement pas été diffusé dans les journaux de la SABC.

«J'ai confiance. Ils savent ce qu'ils font, et ils font un très bon travail», a-t-il dit mardi soir de l'équipe médicale soignant son illustre prédécesseur. «C'est très grave, mais ça s'est stabilisé», a-t-il ajouté, l'air détendu.

Alors que la nuit a été, selon un journaliste de l'AFP présent sur place, très calme aux abords du Mediclinic Heart Hospital de Pretoria où a été admis le héros de la lutte anti-apartheid, ses proches s'étaient succédé pour lui rendre visite mardi.

L'ex-femme de Mandela, l'ancienne égérie de la lutte anti-apartheid Winnie, est venue, de même que ses trois filles encore en vie. Y compris Zenani, l'ambassadrice d'Afrique du Sud en Argentine revenue exprès de Buenos Aires.

Son épouse depuis 1998, Graça Machel, serait à son chevet depuis samedi, selon des médias sud-africains.

La famille devrait bientôt s'exprimer, a rapporté mercredi le quotidien The New Age, proche du pouvoir.

Balcons loués à la presse

L'entrée de l'hôpital est gardée par la police, tandis que des journalistes venus du monde entier campent aux abords. L'Association de la presse étrangère en Afrique du Sud a même demandé aux autorités qu'elles leur installent des toilettes mobiles et qu'elles leur fournissent de l'eau.

Les balcons des appartements voisins ont été loués à des médias étrangers, selon la SABC.

Le premier président noir qu'a connu l'Afrique du Sud doit fêter ses 95 ans le 18 juillet, une journée désormais reconnue par l'ONU. Pendant ce jour spécial, les citoyens du monde sont appelés à faire une bonne action en son honneur.

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Les problèmes pulmonaires à répétition de Mandela sont probablement liés aux séquelles d'une tuberculose contractée pendant son séjour sur l'île-prison de Robben Island, au large du Cap, où il a passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les prisons du régime raciste de l'apartheid.

Libéré en 1990, il a reçu en 1993 le prix Nobel de la paix pour avoir su mener à bien les négociations en vue d'installer une démocratie multiraciale en Afrique du Sud, conjointement avec le dernier président du régime de l'apartheid, Frederik de Klerk.

Mandela a été, de 1994 à 1999, le premier président noir de son pays. Il est reconnu comme un dirigeant de consensus qui a su gagner le coeur de la minorité blanche dont il avait combattu la mainmise sur le pouvoir.

Sa santé devenant de plus en plus fragile, il vit complètement retiré depuis plusieurs années et n'est plus apparu en public depuis la finale de la Coupe du monde de football, en juillet 2010 à Johannesburg.

La SABC avait diffusé le 29 avril des images tournées à l'occasion d'une visite des dirigeants de l'ANC - le parti au pouvoir - le montrant très affaibli. Il semblait totalement étranger à la joyeuse agitation autour de lui. Les critiques avaient été nombreuses, certains évoquant une «visite au zoo».