Un chef soudanais recherché pour crimes de guerre a pris part à de nouvelles attaques au Darfour, a relevé mercredi la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda, déplorant «l'inaction» et la «paralysie» du Conseil de sécurité de l'ONU.

Des témoins ont rapporté qu'Ali Kosheib, ancien chef de la milice pro-gouvernementale janjawid, avait participé à une attaque menée par les forces gouvernementales dans le centre du Darfour en avril, a indiqué Mme Bensouda devant les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies à New York.

Plus de 100 civils ont été tués lors de cette attaque et quelque 30 000 autres ont dû fuir vers le Tchad voisin alors que les assaillants «tiraient à l'aveuglette, brûlaient des maisons et des boutiques, volaient le bétail et pillaient des biens», a insisté Mme Bensouda.

Kosheib, ainsi que le président soudanais Omar el-Béchir et deux autres responsables, sont recherchés par la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans le conflit qui déchire la région depuis une décennie.

La procureure a ajouté «avec inquiétude» que d'autres personnes soupçonnées de crimes de guerre par la CPI, comme l'ancien ministre soudanais des Affaires humanitaires Ahmed Haroun et le ministre soudanais de la Défense Abdelrahim Mohammed Hussein, pourraient avoir participé à de nouvelles attaques ailleurs au Soudan.

Elle a déploré le manque d'action du Conseil de sécurité, qui n'a notamment pas su empêcher Omar el-Béchir de voyager dans d'autres pays membres de la CPI, ni faire arrêter le président soudanais.

Mme Bensouda a souligné qu'elle présentait ce rapport sur le Darfour «avec un sentiment profond de frustration, et même de désespoir», regrettant que chaque réunion «ait été suivie d'inaction et de paralysie au sein du Conseil de sécurité tandis que la situation désespérée des victimes des crimes commis au Darfour va de mal en pis».

Au moins 300 000 personnes selon l'ONU - 10 000 selon le gouvernement - ont été tuées depuis le début de la guerre du Darfour en 2003, entre des tribus non arabes et le régime de Khartoum.