Les élections au Zimbabwe n'auront pas de sens si le ménage n'est pas fait parmi les forces de sécurité, qui font ouvertement allégeance au président Robert Mugabe et répriment ses opposants à l'approche de la présidentielle, a estimé Observatoire des droits de l'homme dans un rapport mercredi.

«Les Zimbabwéens n'ont que peu confiance dans les prochaines élections, dans la mesure où les forces de sécurité, jusqu'à leurs plus hauts responsables, menacent et s'en prennent à ceux qui sont perçus comme contre Mugabe», constate le directeur pour l'Afrique de l'ONG de défense des droits de l'homme, Tiseke Kasambala.

«Le gouvernement d'union nationale du Zimbabwe va devoir tenir la bride aux forces de sécurité et les empêcher de se mêler de politique si l'on veut que les élections aient un sens», a-t-il ajouté, visant l'armée, la police et les services pénitentiaires.

«Ceux qui violent la loi pour des raisons politiques doivent être poursuivis afin d'envoyer un message clair», a-t-il poursuivi à l'adresse des autorités.

La date du scrutin n'est pas encore fixée. Mais depuis 2000, toutes les élections ont donné lieu à de graves violences politiques, notamment en 2008 quand Morgan Tsvangirai, le rival de M. Mugabe était arrivé en tête. Des policiers ont alors participé aux violences contre les partisans de M. Tsvangirai.

Or, l'Observatoire des droits de l'homme (HRW) souligne que «le commandement de l'armée, de la police et des services de sécurité et renseignement intérieurs n'a pas changé et soutient ouvertement M. Mugabe» et déjà, l'armée a «déployé des soldats dans le pays pour intimider, frapper et co mmettre des exactions» à l'encontre des partisans de M. Tsvangirai ou de toute voix d'opposition à M. Mugabe.

L'Observatoire des droits de l'homme en appelle en particulier à la communauté de l'Afrique australe (SADC), garante des accords passés en 2008 entre M. Mugabe et son adversaire. Son bon vouloir est d'ailleurs crucial pour le financement du prochain scrutin.

HRW a demandé à la SADC de veiller à une «amélioration du comportement des forces de sécurité». «Les prochaines élections sont une étape importante pour mettre un terme à la longue crise que connaît ce pays en matière de droits de l'homme», a plaidé M. Kasambala.