Les autorités ivoiriennes doivent «sans tarder» s'attaquer aux «causes profondes» de la crise traversée par le pays depuis des années, a estimé mardi le représentant sortant de l'ONU en Côte d'Ivoire, nommé chef de la force des Nations unies au Mali.

«J'en appelle au gouvernement et à tous les acteurs ivoiriens pour qu'ils s'attellent, ensemble, et sans tarder à la gestion des causes profondes des conflits et crises successives qui ont secoué le pays, telles que la question foncière et la question identitaire», a déclaré Bert Koenders dans un message à l'occasion de son départ pour le Mali.

«C'est parce qu'il incarne à lui seul le lien intrinsèque existant entre la sécurité (...), le foncier, la réconciliation et la justice équitable que l'ouest de la Côte d'Ivoire, qui demeure fragile, a besoin qu'on lui accorde la plus grande priorité», a-t-il jugé, se disant «confiant» que seront relevés les «défis importants» qui «exigent une attention urgente».

La Côte d'Ivoire a traversé, après un coup d'État en 1999, une période de tourmente qui a culminé avec la crise postélectorale de 2010-2011 ayant fait environ 3000 morts après le refus de l'ex-président Laurent Gbagbo de céder le pouvoir.

Les violences durant ces années ont été étroitement liées aux questions de la nationalité et de la propriété foncière, explosives dans ce pays agricole et de forte immigration.

Au pouvoir depuis deux ans, le président Alassane Ouattara a promis en mai de réformer la nationalité et le foncier rural. Il n'a cependant pas encore dévoilé ses pistes de solutions.

Le régime d'Abidjan est par ailleurs régulièrement accusé de favoriser une «justice des vainqueurs». Aucune figure du camp Ouattara n'a été poursuivie pour les graves crimes commis en 2010-2011, notamment des massacres dans l'ouest du pays.

Chef de l'Opération de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) depuis octobre 2011, le Néerlandais Bert Koenders a été nommé à la tête de la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Cette force de maintien de la paix est censée prendre en juillet le relais de la mission africaine (Misma) mise en place après l'intervention française lancée en janvier contre des groupes islamistes armés dans le Nord malien.