Cinq ans après un déchaînement de violence xénophobe qui avait fait 62 morts, les discriminations et les violences visant demandeurs d'asile et réfugiés continuent en Afrique du Sud, selon le rapport d'Amnesty International paru mercredi.

Eldorado pour d'innombrables immigrants africains, la première économie du continent n'a rien d'une parfaite terre d'accueil. Au contraire.

Selon Amnesty, «les pratiques discriminatoires et les violences ciblées à l'égard des demandeurs d'asile et des réfugiés se sont multipliées» en 2012, et la réforme du système d'asile se traduit par des «difficultés accrues».

Les autorités voudraient, sur le modèle européen, déplacer les services d'asile au plus près des frontières terrestres pour créer des sortes de camps aux points de passage des arrivants étrangers.

Plusieurs services d'accueil des réfugiés ont ainsi été fermés, avant que ces décisions ne soient battues en brèche par des associations qui ont saisi la justice, rappelle Amnesty.

Le rapport répertorie aussi un nouvel épisode de pillages et destructions de magasins fin juin 2012 dans la province de l'État libre (centre) ayant entraîné le déplacement de 700 personnes, pour la plupart des Éthiopiens.

«Dans ce cas comme dans de nombreux autres, la police a tardé à réagir, se rendant parfois même complice des violences, selon de nombreux témoignages», accuse Amnesty.

«Dans la province du Limpopo (nord, ndlr), dans le cadre de l'opération Hard Stick, la police a fermé d'office au moins 600 petits commerces appartenant à des demandeurs d'asile ou des réfugiés», remarque aussi Amnesty, critiquant des descentes menées «sans discernement» avec à la clef, des marchandises confisquées, des insultes xénophobes et pour certains la perte de tout moyen de subsistance, une amende et de la détention.

L'Afrique du Sud est le pays qui enregistre le plus grand nombre de demandes individuelles d'asile au monde (quelque 3500 à 4000 chaque mois), devant les États-Unis, en partie parce que l'obtention d'un permis de travail au titre de l'immigration tient du parcours du combattant.

Au quotidien, la vie des immigrants africains est souvent synonyme de vexations, de harcèlement policier et pour les nombreux Bangladeshis, Somaliens ou Ethiopiens, dont le dynamisme économique fait des jaloux auprès des Sud-Africains pauvres. On leur reproche pêle-mêle acheter en gros et de vendre moins cher, de faire crédit aux clients fidèles, d'ouvrir tôt, de fermer tard...