Les opérations devraient reprendre après deux jours d'arrêt de travail à la mine de platine de Marikana, dans le nord de l'Afrique du Sud, après une intervention devant les grévistes, mercredi, du président du nouveau syndicat majoritaire Amcu.

«Travailleurs, je vous le dis, retournez au travail», a lancé à des grévistes approbateurs le président d'Amcu, Joseph Mathunjwa, dans un stade proche de la mine, exploitée par le groupe britannique Lonmin.

«Il y a des procédures à suivre. Retournez au travail de sorte que vos ennemis ne tirent pas avantage de la situation», a-t-il ajouté.

Les mineurs avaient cessé le travail mardi matin. Ils exigent qu'Amcu, un petit syndicat radical désormais majoritaire chez Lonmin avec 70% des employés, soit reconnu par la direction au détriment du Num, le syndicat proche du pouvoir qui n'est plus suivi que par 20% des mineurs.

Alors que les négociations sur les modalités de la reconnaissance du nouveau syndicat majoritaire patinent depuis plusieurs mois, ils demandent la fermeture de la permanence du Num, ce qui, selon la direction, est impossible avant le 3 juillet.

M. Mathunjwa a précisé qu'il allait porter l'affaire devant la Commission pour la conciliation, la médiation et l'arbitrage (CCMA), un organisme indépendant chargé de régler les conflits du travail.

«J'irai demain (jeudi) à la CCMA, où une décision finale sera prise pour dire qui est le patron chez Lonmin!», a-t-il expliqué aux mineurs qui l'acclamaient, selon l'agence Sapa.

La direction d'Amcu n'a officiellement pas appelé à cette grève sauvage, mais elle ne l'a pas désavouée, et des responsables disaient sur place suivre les mineurs en colère.

Des employés de Lonmin avaient déjà débrayé pour les mêmes raisons début mars.

La situation est d'autant plus tendue dans la «ceinture du platine», la région minière située à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Johannesburg où le groupe Amplats vient aussi d'annoncer 6000 suppressions d'emplois, que Mawethu Steven, un responsable régional d'Amcu, a été abattu par des inconnus samedi.

«Nous aimions Steven. Il s'est battu pour nos droits. Retournons au travail pour lui rendre hommage!», a déclaré Joseph Mathunjwa.

Amcu et Num sont à couteaux tirés au moment où s'engagent des négociations salariales dans la profession.

Le meurtre du responsable d'Amcu a été suivi dimanche par celui de deux jumeaux qui appartenaient au Num, selon l'ancien syndicat majoritaire.

La mine de Marikana avait été le théâtre au second semestre 2012 d'une longue et sanglante grève sauvage qui a fait en tout une cinquantaine de morts, dont 34 mineurs abattus par la police le 16 août. Le conflit, qui a duré plus de deux mois, avait été réglé grâce à des augmentations de salaire.