Au moins 11 personnes ont été tuées dimanche dans un attentat suicide à Mogadiscio, 48 heures avant une conférence internationale sur la Somalie qui doit réunir une cinquantaine de pays et organisations mardi à Londres.

Un kamikaze a lancé son véhicule chargé d'explosifs contre un véhicule gouvernemental blindé à un carrefour, dans un quartier animé de la capitale somalienne, a indiqué la police.

Le convoi du ministère de l'intérieur visé par les assaillants accompagnait une délégation gouvernementale du Qatar, en visite en Somalie. Les membres de la délégation n'ont pas été blessées.

«Le convoi escortait une délégation du Qatar, et la police les a emmenés en lieu sûr après qu'ils aient survécu à l'attaque», a déclaré à des journalistes un haut gradé de la police, le général Garad Nur.

«Plusieurs personnes ont été tuées, l'explosion a été forte, nous sommes en train de recueillir des détails, mais le nombre des tués est d'environ 11», a par ailleurs déclaré un responsable de la police, Mohamed Adan.

L'attentat est survenu à l'avant-veille d'une conférence internationale sur la Somalie mardi à Londres qui réunira plus de 50 pays et organisations.

L'objectif de cette conférence --coprésidée par le premier ministre britannique David Cameron et le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud-- est de «soutenir l'aide internationale» dans ce pays de la Corne de l'Afrique dévasté par plus de 20 ans de guerre civile.

La voiture a explosé près d'un commissariat de police dans un quartier animé de Mogadiscio où de nombreux habitants se retrouvent pour boire un thé dans des buvettes installées le long de la rue.

Une seconde bombe actionnée à distance, cachée le long d'une rue dans le quartier de Daynille de la capitale et visant des forces de sécurité, a explosé sans faire de victimes.

Cet attentat est le dernier en date d'une série d'attaques meurtrières à Mogadiscio où les insurgés islamistes somaliens shebab, qui veulent renverser le gouvernement, ont mené des attaques à la bombe et des opérations de guérilla.

Un témoin a indiqué avoir vu au moins huit corps. «J'ai vu huit corps, dont celui d'une femme, certains étaient très grièvement brûlés» par l'explosion, a déclaré un témoin,  Ali Yusuf. «C'était un spectacle terrible», a-t-il ajouté.

Selon un journaliste de l'AFP sur place, le véhicule blindé a été endommagé par l'explosion, ses vitres arrière ont volé en éclats.

L'attentat n'a pas été revendiqué, mais il survient au lendemain de l'appel d'un des chefs des shebab Ahmed Abdi Godane aux «moujahedine d'augmenter le nombre des opérations martyrs afin de paralyser le faible régime apostat».

La dernière opération spectaculaire revendiquée par les shebab remonte au 14 avril lorsqu'un double attentat à Mogadiscio avait tué 34 civils et entraîné la mort des neuf membres du commando islamiste.

De fait, les islamistes ont multiplié les violences dans la capitale après en avoir été chassés par les forces africaines alliées au gouvernement somalien. Malgré une série de revers militaires dans le sud et le centre du pays, et bien que divisés et pourchassés par les drones américains, les shebab constituent toujours une menace et restent puissants dans les zones rurales.

Ils sont également soupçonnés d'avoir infiltré les forces de sécurité somaliennes.

L'attentat de dimanche survient également après une semaine durant laquelle les forces de l'ordre ont procédé à une opération de grande ampleur dans les rues de la capitale pour la sécuriser.

Une force africaine de 17 000 hommes est actuellement déployée en Somalie en soutien aux autorités officielles qui combattent les shebabs.