Le président de la Transition malgache Andry Rajoelina a proposé jeudi la mise en place d'une «convention de paix» pour parer à d'éventuels troubles avant ou après l'élection présidentielle du 24 juillet, a-t-on appris auprès de la présidence.

«Afin d'assurer la stabilité pré-électorale à Madagascar, le Numéro Un de la Transition a proposé +une convention de paix+ et ce, devant les craintes des uns et des autres sur d'éventuels troubles avant, pendant et après les élections», selon un communiqué de la présidence, sans détailler le possible contenu d'un tel pacte.

«Tous les politiciens seront responsables du chaos qui pourrait s'installer dans le pays. Aussi, ils devraient s'engager à ne plus perturber la vie du peuple malgache. C'est pour cette raison que nous devons mettre en oeuvre une telle convention», a dit M. Rajoelina lors d'une conférence de presse, à son retour du Vatican où il a rencontré le pape François.

Cette annonce intervient dans un contexte politique tendu et à la veille de la proclamation de la liste des candidats qui pourront participer à la présidentielle.

Deux candidatures majeures - celle de l'ancien président Didier Ratsiraka et celle de Lalao Ravalomanana, l'ex-épouse de l'ancien président renversé Marc Ravalomanana - risquent d'être invalidées par la Cour Electorale Spéciale. Ces deux candidats ne remplissent pas tous les critères d'éligibilité notamment l'obligation d'avoir résidé physiquement à Madagascar durant les six derniers mois.

Le président de la Transition lui-même a indirectement rejeté la candidature de Mme Ravalomanana, exilée depuis 2009 en Afrique du Sud avec son mari, et autorisée à rentrer en mars à condition de s'abstenir de toute activité politique.

«Avec cette candidature de sa femme, on peut dire que c'est l'ex-chef de l'État lui-même qui se présente aux élections. J'aurais pu très bien agir pareillement en présentant ma femme à ma place et je suis sur qu'elle aurait été élue, mais la vie de la Nation n'est pas un jeu d'enfant», a-t-il critiqué devant la presse.

M. Rajoelina doit rencontrer vendredi M. Jakaya Mirsho Kikwete, le président de la troïka de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe) médiatrice dans la crise malgache, pour discuter de la mise en place d'une solution pour apaiser des tensions politiques de plus en plus vives.

Vendredi, une conférence nationale initiée par le conseil des églises chrétiennes de Madagascar doit débuter, réunissant tous les partis, la société civile, les autorités religieuses pendant trois jours. Ce «dialogue national», une idée de M. Ratsiraka, devrait émettre des recommandations concernant les élections, et suggérer éventuellement l'instauration d'une nouvelle transition.

La Grande Ile traverse une grave crise politique depuis le renversement en 2009 de l'ex-président Ravalomanana par M. Rajoelina, alors maire de la capitale Antananarivo.

Des élections présidentielle et législatives doivent théoriquement rétablir l'ordre constitutionnel et permettre le retour des aides internationales suspendues en 2009.