Un journaliste d'une radio indépendante du Burundi a été gravement blessé par balle samedi avant l'aube par un policier burundais, surpris pendant qu'il rançonnait des marchands de fruits, a appris l'AFP de sources concordantes.

Le journaliste de la Radio publique africaine (RPA, privée), Patrick Niyonkuru, a surpris à Bujumbura un policier en train de demander 200 francs burundais (environ 15 cents) à des cyclistes qui transportaient des fruits au marché. Celui-ci l'a frappé à plusieurs reprises, avant de lui tirer dessus, selon plusieurs témoins.

M. Niyonkuru a été blessé au bras et est hospitalisé dans un hôpital de Bujumbura.

L'agent de police, Pierre Havyarimana, a été inculpé samedi de tentative de meurtre, puis condamné à 15 ans de prison ferme samedi en soirée, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Le policier était coupable, et comme vous l'avez vu, il a été immédiatement révoqué des forces de la police, avant d'être traduit en justice», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police, Elie Bizindanvyi.

Cet incident survient après une attaque au domicile d'un journaliste de Télé Renaissance (privée), Willy Abagenzinikindi, perpétrée par un groupe d'hommes armés de fusils et de machettes dans la nuit de jeudi à vendredi à Bujumbura. Ses agresseurs qui l'ont blessé, lui ont pris son ordinateur et des disquettes qu'il venait d'enregistrer, selon son témoignage.

«Nous sommes très inquiets car ces deux attaques surviennent alors que les journalistes burundais sont mis au pilori par certains responsables qui les qualifient d'ennemis du pouvoir et alors que le parlement vient d'adopter une loi liberticide», a déploré Alexandre Niyungeko, président de l'Union burundaise des journalistes.

«Nous sommes satisfaits par la condamnation du policer, mais nous osons espérer que ces attaques ne sont pas liés à ce qui se passe en ce moment», a-t-il poursuivi, appelant «à la protection des journalistes».

Au Burundi, le Sénat a adopté le 19 avril, deux semaines après l'Assemblée nationale, une loi sur la presse dénoncée par la société civile, des ONG internationales, et plusieurs pays occidentaux, qui l'ont tous qualifiée de «liberticide» et qui restreint notamment la protection des sources.

Ce texte a été renvoyé à l'Assemblée nationale qui doit examiner les amendements du Sénat lundi, selon des sources législatives.