Un bombardement attribué à des rebelles a fait au moins trois morts vendredi à Kadougli, la capitale du Kordofan-Sud, une région soudanaise en proie à de violents combats depuis près de deux ans, a annoncé la télévision officielle.

Ce bombardement est intervenu alors que le président soudanais Omar el-Béchir était vendredi à Juba pour une visite de quelques heures, en signe d'apaisement entre les deux pays, qui se sont mutuellement accusés de soutenir les mouvements rebelles actifs dans les régions frontalières.

L'est de Kadougli a été frappé vers 13 h 30 (heure locale) par cinq obus, dont «trois ont touché des maisons qui ont été détruites par les flammes. Deux personnes ont été tuées et huit autres blessées», a déclaré un habitant dont la maison se trouve en face de celles touchées.

La télévision publique a parlé de trois morts et de blessés conduits à l'hôpital.

«Le bombardement a duré 45 minutes. Les gens ont paniqué», a déclaré un autre habitant, tandis qu'un troisième habitant a dit avoir vu des nuages de fumée s'élever après quatre explosions.

Les habitants soupçonnaient les rebelles de la branche Nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM-N) d'être à l'origine du bombardement.

Le porte-parole du SPLM-N a expliqué ne pas avoir d'information dans l'immédiat, mais a pour sa part accusé le gouvernement d'avoir bombardé jeudi quatre villages dans les environs de Kadougli, où une femme a été blessée.

Selon l'un des habitants, les obus venaient de la même direction que lors de la série de bombardements rebelles de la ville fin 2012. L'ONU avait alors évoqué un bilan de 18 morts et 32 blessés, mais les rebelles avaient assuré avoir uniquement visé des installations militaires en représailles à des raids aériens de l'armée soudanaise.

Les forces de Khartoum sont engagées depuis l'été 2011 dans de violents combats contre le SPLM-N au Kordofan-Sud et au Nil Bleu, deux régions frontalières du Soudan du Sud et dont une partie des habitants ont soutenu les sudistes pendant la guerre civile (1983-2005) qui a abouti à la partition.

Ces violences ont poussé plus de 200 000 personnes à fuir en Éthiopie ou au Soudan du Sud, et touchent encore un million de personnes sur place, selon l'ONU et l'Union africaine. Il est cependant difficile d'obtenir des informations de source indépendante en raison des restrictions imposées par les autorités.

Le SPLM-N déclare lutter contre le régime arabe de M. Béchir afin de mettre en place un régime plus respectueux des diversités ethniques et des droits de l'Homme.

Après des mois de tensions qui ont failli dégénérer en conflit ouvert au printemps 2012, les deux Soudan ont conclu en mars à Addis Abeba un accord sur la mise en place d'une zone tampon à la frontière, dont Khartoum espère qu'elle permettra de couper le SPLM-N de ses soutiens sudistes.

Les sudistes ont armé et entraîné les membres du SPLM-N pendant la guerre civile, mais Juba assure avoir rompu ses liens avec le mouvement lors de la sécession, ce que diplomates et experts jugent peu probable.