La conférence internationale sur le Darfour a réuni lundi 3,6 milliards de dollars pour un plan de développement de cette région soudanaise dévastée par la guerre civile, dont plus de 2,5 milliards USD à la charge du gouvernement de Khartoum, selon les organisateurs.

Le Qatar, richissime pays du Golfe et parrain du processus de paix au Darfour, a apporté la plus importante contribution, avec 500 millions de dollars, et confirmé qu'il participerait à hauteur de 200 millions de dollars à une banque de développement du Darfour dont la création est prévue depuis 2010 avec un capital de 2 milliards USD.

La conférence a réuni des contributions de 3,6 milliards de dollars, a déclaré Ahmad Ben Abdallah al-Mahmoud, ministre d'État qatari aux Affaires du Conseil des ministres.

Il a ajouté lors d'un point presse au terme de cette conférence que ces contributions «incluent des engagements du gouvernement soudanais» qui s'élèvent, selon un participant, à 2,65 milliards de dollars.

La contribution de Khartoum est prévue par un accord de paix sur le Darfour, signé en juillet 2011 à Doha.

Le Qatar versera 88 millions de dollars, soit près de la moitié d'une enveloppe de 177 millions de dollars nécessaire pour le financement de projets urgents du plan de développement, a indiqué le ministre.

Le directeur adjoint du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour le Soudan, Amin Sharkawi, a affirmé à l'AFP que «les habitants du Darfour vont ressentir un changement dans moins de six mois».

La conférence a réuni pendant deux jours quelque 400 participants, responsables gouvernementaux, experts de l'ONU et représentants d'ONG.

Elle tablait sur des contributions de 7,2 milliards de dollars sur six ans pour développer le Darfour, où les infrastructures sont presque inexistantes et où 1,4 million de personnes - sur 6 millions d'habitants - vivent dans des camps de déplacés en raison de l'insécurité.

Le représentant de l'Allemagne a pour sa part annoncé une promesse d'aide de 16 millions d'euros (20 M USD). l'Union européenne a promis 27 millions d'euros (35 M USD), le Tchad, limitrophe du Darfour, 1 million de dollars et l'Italie 300 000 dollars.

Dimanche, le Royaume-Uni s'était engagé à verser 16,5 millions de dollars par an sur trois années pour l'agriculture et la formation professionnelle.

«Il n'est pas nécessaire de lever tout l'argent aujourd'hui. Nous avons besoin de mobiliser des fonds suffisants pour soutenir la crédibilité de la stratégie de développement», a déclaré le coordinateur de l'ONU pour le Darfour, Ali al-Za'atari,

Sur le terrain, même si les violences ont nettement baissé, les escarmouches se poursuivent entre rebelles et soldats, de même que des accrochages entre tribus rivales, des enlèvements et des vols.

Lundi, une faction de l'Armée de libération du Soudan (ALS), celle de Minni Minnawi, a indiqué s'être approché jusqu'à huit kilomètres de Nyala, capitale de l'État du Darfour-Sud, et avoir pris deux localités situées à une centaine de kilomètres de cette ville.

La conférence a été précédée par des manifestations de déplacés dans les camps du Darfour qui protestaient contre l'insécurité, et deux des principaux groupes rebelles ont dénoncé cette rencontre.

«Je voudrais condamner très fermement» la conférence de Doha, a déclaré à l'AFP Abdel Wahid Mohammed Al Nour, chef d'une faction de l'ALS. «Pour avoir une conférence des donateurs, il faut d'abord avoir la paix et la sécurité sur le terrain», a-t-il ajouté, estimant que l'argent n'irait «pas aux populations».

M. Za'atari a dit comprendre l'opposition de certains rebelles au programme en raison de l'insécurité, mais a affirmé que «le développement est le seul moyen d'inverser la vapeur au Darfour et d'engager cette région dans la voie de la réhabilitation».