Le président congolais Denis Sassou Nguesso, reçu lundi à Paris par François Hollande, a dénié à la justice française «le droit» d'enquêter sur les «biens mal acquis», estimant qu'il s'agissait d'une entorse au principe de non-ingérence.

«Ce que nous voulons rappeler, c'est que le principe auquel nous avons tous souscrit au plan international est celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures», a déclaré le chef de l'État congolais à l'issue d'un entretien de plus d'une heure avec son homologue français.

Ce principe doit être «respecté pour que la justice en France ne se sente pas le droit de traiter de questions qui intéressent les problèmes intérieurs aux autres États», a-t-il insisté. «Voilà, c'est ça le principe», a conclu Denis Sassou Nguesso.

À l'arrivée du président congolais à l'Élysée, François Hollande s'était abstenu de descendre les marches du perron pour l'accueillir. Ils avaient échangé une brève poignée de main.

Interrogé par un journaliste qui lui demandait si l'affaire dite des «biens mal acquis» lui empoisonnait la vie et l'empêchait de dormir, Denis Sassou Nguesso a répondu d'un lapidaire: «Certainement pas».

Deux juges parisiens enquêtent sur les conditions dans lesquelles un très important patrimoine immobilier et mobilier aurait été acquis en France par Denis Sassou Nguesso, mais aussi par l'ancien président gabonais Omar Bongo et le président de Guinée équatoriale Teodoro Obiang ainsi que certains de leurs proches.

Les ONG Sherpa et Transparence International France sont à l'origine de la plainte qui a déclenché cette triple enquête.

Dans un communiqué, la présidence française a indiqué qu'il avait «été convenu de poursuivre le développement des relations économiques entre la France et le Congo», mais «dans un cadre de transparence renforcée».

Les présidents français et congolais ont par ailleurs «constaté l'illégalité d'une prise de pouvoir par la force» en République centrafricaine, toujours selon l'Élysée.

La rébellion centrafricaine Séléka avait renversé le 24 mars le président François Bozizé, au pouvoir depuis dix ans.

François Hollande a souligné sa «volonté» que «l'ensemble des forces politiques centrafricaines soient associées au sein d'un gouvernement d'union nationale» et il a de nouveau assuré que «la présence militaire en Centrafrique est seulement destinée à renforcer la sécurité des ressortissants français».

«Nous sommes en train de chercher la mise en place d'instances de transition pour aller vers des élections» en Centrafrique, a indiqué pour sa part le président congolais, relevant que «ce n'est pas en faisant ainsi qu'on légitime un coup de force».

Sur la situation en République démocratique du Congo, les présidents français et congolais «se sont réjouis de l'adoption» d'une résolution des Nations unies qui permettra «le déploiement d'une brigade d'intervention africaine dotée d'un mandat robuste», selon la présidence française.

Le chef de l'État français a par ailleurs «remercié son homologue congolais pour le soutien politique et logistique apporté aux forces africaines et à la France dans le cadre de l'opération de libération du Nord du Mali», toujours selon l'Élysée.