Le chef présumé du groupe islamiste nigérian Boko Haram dément tout accord de cessez-le-feu avec le gouvernement dans une vidéo distribuée mardi, dans laquelle un homme accusé d'être un informateur semble être décapité.

Abubakar Shekau ne fait aucune mention d'enlèvements dans cette vidéo, y compris de celui de la famille française enlevée en février au Cameroun, attribué à son groupe.

Il n'était pas possible de dire où et quand a été tournée cette vidéo. Elle a été distribuée ces derniers jours à des journalistes nigérians dans le nord du pays en passant par des intermédiaires.

Selon des spécialistes de Boko Haram, le groupe a procédé ainsi parce que les autorités lui ont bloqué tout accès à YouTube.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité de la vidéo, mais l'homme s'adressant à la caméra ressemble à celui identifié dans des vidéos précédentes comme étant Shekau.

La vidéo est composée de deux parties: l'une où Shekau parle et une autre semblant montrer une décapitation, dans laquelle Shekau n'est pas visible.

La vidéo est en partie une réponse à une autre, diffusée en janvier, dans laquelle un homme se présentant comme un «commandant» du groupe annonçait un cessez-le-feu et proposait l'ouverture d'un dialogue.  Mais il n'est pas certain que cet homme représentait vraiment Boko Haram.

«Nous n'avons jamais conclu de trêve avec quiconque, et personne ne nous a représentés dans un quelconque dialogue», déclare Shekau vêtu d'un caftan vert et court, un AK-47 autour du cou, dans la vidéo longue d'une dizaine de minutes.

S'exprimant en langue haoussa, utilisée dans le nord du Nigeria, il identifie l'homme ayant annoncé un cessez-le-feu comme étant Sheikh Muhammed Abdulazeez Ibn Idris et promet un châtiment à ceux qui déclareraient à tort représenter le groupe.

«Nous n'avons entrepris de dialogue avec personne», affirme-t-il. «Quelle sorte de dialogue, pour l'amour de Dieu, quand nos frères jour et nuit se font arrêter, emprisonner, y compris des femmes et des enfants?», ajoute-t-il.

Shekau est entouré de six hommes en armes, le visage enveloppé de foulards, se tenant devant un lieu inconnu.

À la fin de son discours, la vidéo passe à une autre séquence montrant un homme, les mains et les pieds attachés. Un groupe d'hommes le maintient à terre et l'un d'eux semble lui trancher la gorge.

Ils paraissent ensuite décapiter la victime, présentée comme un informateur de l'armée. On ne voit pas Shekau dans cette séquence.

Une vidéo, publiée le 25 février sur internet, montrait la famille française kidnappée dans le nord du Cameroun. Les ravisseurs, qui se réclamaient de Boko Haram, demandaient la libération de prisonniers en échange des sept otages.

Le groupe n'a jamais auparavant revendiqué d'enlèvement d'étrangers ou d'Occidentaux, mais Paris avait cependant estimé que Boko Haram était bien l'auteur de l'enlèvement des Français.

Ce groupe extrémiste, qui veut l'établissement d'un État islamique dans le nord du Nigeria, majoritairement musulman, est responsable de la mort de centaines de personnes dans le nord et le centre du pays depuis 2009.