Les importantes élections qui se sont déroulées lundi au Kenya ont donné lieu à des actes violents ayant coûté la vie à au moins 19 personnes.

Les autorités ont exhorté les électeurs à ne pas se laisser intimider par la violence malgré les craintes que de nouveaux affrontements ethniques, comme ceux qui avaient fait plus de 1000 morts lors du scrutin de 2007, ne se produisent.

Il s'agit du premier vote présidentiel depuis l'adoption d'une nouvelle constitution visant à prévenir les violences ethniques qui ont entaché le précédent. De longues files se sont formées devant les bureaux de vote partout à travers le pays et les autorités ont estimé qu'environ 70 pour cent des 14 millions d'électeurs inscrits s'étaient présentés aux urnes.

La journée s'est amorcée dans le sang après que 200 sécessionnistes eurent tendu une embuscade à des policiers avant l'aube dans la ville côtière de Mombasa. Selon la police locale, quatre agents ont été tués à coups de machette.

Le groupe auquel appartiennent les attaquants, le Conseil républicain de Mombasa (CRM), avait menacé de perturber les élections et l'inspecteur général David Kimaiyo a affirmé que les forces de l'ordre préparaient un raid qui mettrait fin pour de bon aux activités de l'organisation.

Le CRM croit que la côte du Kenya devrait être un pays indépendant. Ses revendications, qui ne sont pas motivées par la religion, sont basées sur la conviction que les leaders de Nairobi, la capitale, se sont approprié les terres côtières et ont ainsi condamné les habitants à vivre dans la pauvreté.

En plus de l'embuscade à Mombasa, le groupe a également été accusé par la police d'avoir mené trois attaques mortelles dans la ville voisine de Kilifi.

Selon le bilan établi par l'Associated Press à partir des renseignements fournis par les autorités, 19 personnes ont perdu la vie jusqu'à présent, soit quatre policiers et trois membres du CRM à Mombasa ainsi que six représentants du gouvernement, quatre membres du CRM et deux civils près de Kilifi.

Lundi soir, des coups de feu et des explosions ont été entendus à Garissa, près de la frontière du Kenya avec la Somalie, alors que des hommes armés pénétraient dans deux bureaux de vote, a révélé Farah Maalim, le vice-président du Parlement. Les forces de sécurité se sont présentées sur les lieux et les attaquants ont pris la fuite.

Les assauts à Mombasa et à Garissa n'ont rien à voir avec les affrontements ethniques qui pourraient encore survenir après l'annonce des résultats du vote.

Les deux favoris de la course ont condamné lundi les attaques à Mombasa. Le premier ministre Raila Odinga a déclaré qu'il s'agissait d'agressions haineuses menées à l'occasion d'un événement historique. Le vice-premier ministre Uhuru Kenyatta a pour sa part affirmé que la nouvelle l'avait découragé, mais qu'il était certain que la situation serait rétablie sous peu.

Les autorités ont déployé 400 policiers de plus à Mombasa afin d'assurer la sécurité des résidants. Les Nations Unies ont restreint les déplacements de ses employés sur la côte kényane en raison de la violence.

Les résultats officiels des élections ne seront pas connus avant mardi ou mercredi. À moins que l'un des huit candidats en lice ne réussisse à obtenir plus de 50 pour cent des voix, un second tour aura lieu en avril.