Un pétrolier français avec à son bord 19 membres d'équipage togolais a été détourné par des pirates dimanche au large de la Côte d'Ivoire, un pays qui découvre ce fléau en plein essor dans le golfe de Guinée depuis plusieurs années.

Le navire-citerne français Gascogne, battant pavillon luxembourgeois et appartenant au groupe français Sea-Tankers, naviguerait lundi au large du Ghana et ferait route vers l'Est, selon le gouvernement français. Paris a indiqué ne pas avoir reçu de revendication pour l'heure.

«Le bateau a été détourné dans les eaux internationales», a déclaré à l'AFP Alexis Guié, responsable de la communication du port d'Abidjan.

«Quand un bateau est détourné à plus de 300 kilomètres des côtes ivoiriennes, ça ne peut pas être dans nos eaux», a-t-il insisté, affirmant que les autorités ivoiriennes n'avaient à ce stade «aucune information» sur les auteurs du détournement.

Le Bureau maritime international (BMI) avait auparavant indiqué que le navire-citerne n'avait plus donné signe de vie depuis dimanche.

«On soupçonne que le pétrolier porté disparu a été enlevé par des pirates», avait expliqué à l'AFP Noel Choong, responsable du département de piraterie du BMI, basé à Kuala Lumpur.

«Il y a 19 personnes à bord, tous des Togolais», a annoncé Frédéric Cuvillier, le ministre français des Transports, de la Mer et de la Pêche.

«Nous n'avons pas reçu de revendication pour l'instant», a-t-il dit à la presse lors d'un déplacement près de La Rochelle (ouest de la France).

Après le Nigeria et le Bénin, la Côte d'Ivoire

Le bateau naviguerait «à la hauteur du sud du Ghana et se dirigerait vers le Togo», plus à l'est, a précisé le ministre.

«C'est très préoccupant», a jugé M. Cuvillier, soulignant que le ministère français de la Défense était «mobilisé», sans davantage de précisions.

«La sécurité de l'équipage et du bateau restent la première priorité», a souligné le groupe Sea-Tankers dans un communiqué.

«La situation est suivie de très près par la cellule de crise du groupe français concerné et les autorités respectives», selon le gouvernement luxembourgeois.

En janvier, un pétrolier nigérian battant pavillon panaméen avait été victime d'une attaque de pirates à son ancrage d'Abidjan. Début octobre 2012, un navire-citerne grec avait subi une attaque semblable au même endroit.

Jusque-là, la Côte d'Ivoire avait été préservée de la piraterie en mer qui se développe dans le golfe de Guinée. Fréquente au Nigeria, premier producteur de pétrole d'Afrique, la piraterie a gagné les eaux du Bénin, où les attaques de navires avaient explosé en 2011.

«Il semble que les pirates se déplacent vers la Côte d'Ivoire, car le Nigeria et le Bénin ont augmenté la fréquence de leurs patrouilles dans le golfe de Guinée», a estimé le responsable du BMI, Noel Choong.

Les «groupes armés» qui piratent les navires «sont parfaitement informés sur le potentiel de chaque pays et savent que de ce côté du golfe de Guinée, il n'y a pas beaucoup de surveillance», a renchéri le colonel Mamadou Mariko, directeur technique à l'Organisation maritime de l'Afrique de l'Ouest et du Centre (OMAOC), basée à Abidjan.

«C'est la troisième fois» que la Côte d'Ivoire est touchée, «il y a urgence», a-t-il alerté, appelant Abidjan à prendre «le problème à bras-le-corps».