Le Canada dépêchera un avion militaire au Mali pour soutenir la force internationale qui tente de déloger les insurgés islamistes qui contrôlent le nord du pays, a indiqué le premier ministre Stephen Harper, lundi. Mais il n'est pas question que les troupes canadiennes participent aux combats, assure-t-il.

L'annonce survient 24 heures après que la France eut commencé à bombarder des positions islamistes dans le nord du pays. C'est d'ailleurs cet allié qui a demandé à Ottawa de lui fournir un soutien logistique.

«C'est une demande raisonnable, a indiqué M. Harper lors d'une conférence de presse à Montréal. Le gouvernement est toujours là pour assister nos amis comme les Américains et les Britanniques vont aussi le faire.»

L'appareil, un avion de transport C-17 de l'Aviation royale du Canada, servira à acheminer de l'équipement lourd vers la capitale malienne, Bamako. Il sera mobilisé pendant une semaine et ne sera à aucun moment impliqué dans les zones de combat, a précisé M. Harper.

Le nord du Mali, contrôlé depuis mars dernier par des combattants proches d'Al-Qaeda, se trouve dans une situation «très dangereuse», a noté le premier ministre.

Il ajoute que le soutien logistique du Canada sera de «courte durée».

Le gouvernement Harper demeure opposé à l'envoi de troupes canadiennes au Mali. Le premier ministre avait exprimé cette position la semaine dernière, lors de la visite du président de l'Union africaine, Thomas Yayi Boni, qui aussi président du Bénin.

«Même s'il n'est pas question que le gouvernement du Canada participe directement à une mission militaire au Mali, le Canada est disposé, conformément à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, à fournir un soutien logistique limité et clairement défini pour assister les forces qui interviennent au Mali», a indiqué M. Harper dans un communiqué diffusé en matinée.

En plus du soutien logistique qu'il fournit à ses alliés, le Canada continuera à fournir de l'aide humanitaire dans la région.

Des troupes canadiennes doivent s'envoler le mois prochain pour la Mauritanie, où elles formeront des soldats africains. Plusieurs de ces soldats pourraient par la suite être dépêchés au Mali, selon des reportages diffusés au cours des derniers jours.

Mais M. Harper explique que les missions canadiennes dans cette région ont été décidées avant que le Canada n'apporte son aide logistique à l'effort international au Mali. Elles se dérouleront comme prévu peu importe les événements dans ce pays.

Le Nouveau Parti démocratique appuie la décision d'envoyer un avion de ravitaillement au Mali. Mais son critique en matière d'Affaires étrangères, Paul Dewar, estime que le gouvernement conservateur a envoyé des messages incohérents sur ce conflit au cours des dernières semaines.

Le mois dernier, le ministre de la Défense, Peter MacKay, a ouvert la porte à une assistance militaire dans la région. Son collègue aux Affaires étrangères, John Baird, puis le premier ministre Stephen Harper ont ensuite tous deux écarté l'envoi de troupes.

«L'absence de clarté de ce gouvernement illustre l'absence d'engagement de ce gouvernement face à l'Afrique, dénonce M. Dewar. Ce n'est pas une surprise pour ceux qui suivent la politique étrangère du gouvernement conservateur savent qu'ils n'ont pas été aussi engagés en Afrique autant que le Canada l'a été par le passé.»

Selon lui, le Canada doit s'impliquer davantage dans le débat aux Nations Unies sur la marche à suivre au Mali. Il souhaite en outre qu'Ottawa joue un rôle actif, si la demande lui est faite, pour acheminer de l'aide humanitaire et dans la construction d'institutions démocratiques.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir cet après-midi pour discuter de la situation au Mali. La France doit informer les membres sur son intervention. 

Selon le ministère français de la Défense, quatre avions de combat Rafale ont détruit des camps d'entraînement et des dépôts logistiques près de Gao (à environ 1200 km au nord de Bamako), en fin de semaine.

Dimanche, le président du Mali, Dioncounda Traoré, a indiqué sur son compte Twitter que le Canada, les États-Unis et la Grande-Bretagne avaient convenu de fournir un soutien logistique aux forces maliennes et françaises qui combattent les rebelles.

- Avec l'Agence France-Presse