Le président de l'Union africaine, Thomas Boni Yayi, s'est félicité vendredi à Montréal de la décision de la France d'intervenir militairement au Mali pour repousser les groupes armés islamistes et soutenir les troupes maliennes.

«Je suis aux anges», a dit à la presse M. Boni Yayi, qui est également président du Bénin. «Je voudrais absolument, au nom du continent, exprimer notre gratitude à la République française, à son président, à son gouvernement, à tout le peuple français, qui ont su apprécier (...) la gravité de la situation qui prévaut aujourd'hui au Mali et dans la zone ouest-africaine».

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a indiqué vendredi que l'engagement des forces françaises au Mali avait notamment pris la forme d'une «intervention aérienne».

M. Boni Yayi a qualifié la décision française de «courageuse» et «d'appropriée» et précisé qu'il en avait été informé à l'avance par M. Fabius, au sortir de sa rencontre avec le Premier ministre canadien Stephen Harper mardi à Ottawa.

Le nord du Mali est depuis avril 2012 un sanctuaire pour les groupes islamistes armés dont Al-Qaïda au Maghreb islamique. M. Boni Yayi a estimé à 6000 le nombre des jihadistes. «Il y a beaucoup de Pakistanais, d'Afghans», tandis que «les Touaregs sont minoritaires», a-t-il précisé lors d'un discours devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

Après la décision française, il a dit avoir «bon espoir que les autres pays membres de l'OTAN et d'autres vont s'associer à la présence de la République française et à la présence africaine» aux côtés des troupes maliennes.

«Maintenant que la France a donné les couleurs, je demeure persuadé que le Canada fera ce qu'il pourra pour que nous puissions mettre un terme» à la progression des groupes islamistes vers le sud du Mali, contrôlé par le gouvernement, a-t-il ajouté.

Au Premier ministre Stephen Harper, il dit avoir expliqué mardi à Ottawa qu'au-delà de tous les problèmes d'ordre constitutionnel, militaire et d'intégrité du territoire que connaît le Mali, le pays est surtout la cible «du terrorisme international dont le traitement relève de la compétence de la communauté internationale».

Il a demandé à nouveau à l'OTAN de se joindre à la force internationale de plus de 3300 hommes, approuvée le 20 décembre par le Conseil de sécurité, mais dont le déploiement doit se faire par étapes et après un dialogue avec des groupes armés, respectant certains préalables.

«Si l'OTAN est allée en Afghanistan pour combattre le terrorisme, en Libye pour protéger les populations, pourquoi l'OTAN n'est-elle pas allée au nord du Mali pour protéger les populations maliennes?», s'est demandé M. Boni Yayi.