Le président ghanéen John Dramani Mahama a prêté serment lundi en présence de chefs d'État africains et d'une foule de milliers de personnes, mais en l'absence de l'opposition, qui conteste le résultat de l'élection du mois dernier.

M. Mahama, arrivé au pouvoir en juillet suite à la mort de son prédécesseur John Atta Mills, a promis de continuer à faire prospérer le Ghana, en plein boom économique, dans un discours prononcé après sa prestation de serment.

«En tant que pays, (...) nous sommes les héritiers d'une grande histoire», a déclaré M. Mahama, vêtu d'une ample tunique blanche, tenue traditionnelle du nord du pays, sa région d'origine. «Mais il nous reste encore une immense charge de travail (...), des ponts, des écoles et des hôpitaux à construire (...), il nous faut continuer à investir dans notre secteur agricole et à faire croître l'économie», a poursuivi le chef de l'État, âgé de 54 ans.

La cérémonie a eu lieu sur la place de l'Indépendance, à Accra, célèbre pour sa grande étoile noire plantée au sommet d'une arche décorée pour l'occasion de rouge, de vert et d'or, les couleurs du drapeau ghanéen, un mois après le scrutin remporté par M. Mahama avec 50,7 % des voix, contre 47,7 % pour le principal candidat d'opposition, Nana Akufo-Addo.

Les observateurs locaux et internationaux se sont accordés à qualifier le vote de «paisible» et de «transparent» dans un pays considéré comme une démocratie exemplaire au coeur d'une région, l'Afrique de l'Ouest, souvent secouée par des troubles politiques.

Mais M. Akufo-Addo a déposé une plainte devant la Cour suprême, qui devrait se prononcer prochainement, dénonçant des irrégularités et réclamant d'être proclamé vainqueur.

Douze chefs d'État africains étaient attendus dans la capitale ghanéenne pour la cérémonie d'investiture, dont les présidents nigérian Goodluck Jonathan et sud-africain Jacob Zuma ainsi que des délégations des États unis et de l'Union européenne.

L'ancien président John Kufuor, membre du NPP (Nouveau parti patriotique, opposition), a ignoré les appels au boycottage de son parti pour assister à la cérémonie.

L'ex-président Jerry Rawlings, qui avait pris le pouvoir à la faveur d'un coup d'État militaire avant de mener le Ghana au multipartisme, en 1992, a également pris part aux festivités.

M. Mahama, auteur d'une autobiographie parue récemment, intitulée Mon premier coup d'État, est aussi un écrivain, grand adepte de musique Afrobeat. Avant d'être choisi par M. Mills comme vice-président, M. Mahama avait été député et il avait siégé au Parlement panafricain.

L'un des grands enjeux du mandat à venir est la façon dont seront dépensés les revenus du pétrole, dont le Ghana est devenu producteur en 2010, ce qui lui a permis d'atteindre une croissance économique de 14,3 % en 2011.

Ce pays de 24 millions d'habitants, deuxième économie d'Afrique de l'Ouest après le Nigeria, grâce notamment à ses exportations d'or et de cacao, manque encore cruellement d'infrastructures de base dans certaines régions.

«La question cruciale (...) est de savoir comment va être gérée l'économie», estime le professeur Isaac Owusu-Mensah, de l'Université du Ghana. «Si (les revenus du pétrole) ne sont pas utilisés à bon escient, cela va poser problème».