L'épidémie de fièvre jaune qui a déjà tué au moins 165 personnes au Darfour, une région de l'ouest du Soudan en proie à des violences, est la pire que l'Afrique ait connue depuis des décennies, a annoncé jeudi à l'AFP l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

«De toute évidence, cette épidémie peut maintenant être classée comme la plus grande» depuis 1990, a déclaré le Dr Anshu Banerjee, représentant de l'OMS au Soudan.

Depuis le 2 septembre, au moins 732 cas suspects de fièvre jaune ont été recensés au Darfour, dont 165 mortels, avait annoncé quelques heures plus tôt un rapport de l'OMS et du ministère soudanais de la Santé.

«L'épidémie est très importante et sa propagation ne montre aucun signe de ralentissement», avait déclaré dans un communiqué le représentant de l'ONU et coordinateur pour les affaires humanitaires, Ali Al-Zaatari, estimant «probable» que de nombreux cas n'aient pas été signalés.

Selon le Dr Banerjee, les épidémies des dernières décennies ont été moins importantes parce que les programmes de vaccinations ont commencé à inclure la fièvre jaune.

Mais au Darfour, les vaccinations contre ce virus ayant débuté le 20 novembre, la population n'est pas encore immunisée. «Tout le monde est exposé au risque», a-t-il prévenu.

La première phase de vaccination, qui concerne 2,2 des quelque 6 millions d'habitants de la région, est presque terminée, et plus d'un million de doses supplémentaires de vaccin doivent arriver la semaine prochaine, a précisé le Dr Banerjee.

Il n'existe pas de traitement spécifique contre la fièvre jaune, une maladie virale qui touche les régions tropicales d'Afrique mais qui peut être combattue par la vaccination ou, à défaut, en se protégeant contre les piqûres de moustiques.

Selon l'OMS, l'épidémie actuelle pourrait être liée à une augmentation du nombre de moustiques dans la région après de fortes pluies et des inondations.

Le Darfour, qui compte quelque 6 millions d'habitants, est en proie depuis 2003 à une guerre entre des tribus non arabes et le régime de Khartoum, qui a fait au moins 300 000 morts selon l'ONU --10 000 selon le gouvernement. Les violences ont diminué, mais des affrontements se poursuivent, ainsi que des violences liées au banditisme.

La dernière épidémie de fièvre jaune au Soudan avait frappé en 2005 le Kordofan-Sud, une région désormais à la frontière avec le Soudan du Sud. En cinq mois, 604 cas avaient été recensés, dont 163 mortels.