Des représentants du gouvernement malien et une délégation des groupes islamistes qui contrôlent le Nord-Mali se sont réunis samedi à Ouagadougou pour rencontrer le président burkinabé Blaise Compaoré, qui tente de négocier une solution au conflit. Depuis plusieurs mois, le Burkina Faso tente d'éviter une intervention militaire et enjoint l'un des principaux groupes islamistes, Ansar Dine, à prendre ses distances avec le réseau terroriste al-Qaïda.

Ansar Dine, l'un des groupes islamistes contrôlant le nord du Mali, pressé par la médiation burkinabée de rompre avec ses alliés jihadistes, est «indépendant» et «prêt à négocier» pour la paix, a affirmé samedi à Ouagadougou l'un de ses responsables.

«Ansar Dine est indépendant de tout autre groupe», a déclaré à l'AFP Algabass Ag Intalla, chef de la délégation de ce mouvement arrivée vendredi à Ouagadougou pour rencontrer le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne au nom de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).

«Nous ne recevons nos ordres d'aucun autre groupe que d'Ansar Dine», a-t-il poursuivi.

«C'est un groupe local qui négocie et qui est prêt à négocier pour qu'il y ait la paix dans la sous-région et au Mali en particulier», a ajouté M. Ag Intalla, un élu du nord du Mali et l'un des hauts cadres d'Ansar Dine (Défenseur de l'islam).

Le responsable islamiste s'est par ailleurs dit prêt à rencontrer le ministre malien des Affaires étrangères Tiéman Coulibaly, reçu samedi par M. Compaoré, «si le médiateur» le demande.

Le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé, a rappelé samedi que la médiation cherchait à convaincre Ansar Dine de «se désengager de la terreur et du crime organisé», c'est-à-dire de rompre avec ses alliés jihadistes dans le Nord malien, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Ces pourparlers des islamistes d'Ansar Dine avec Blaise Compaoré interviennent alors que le gouvernement français tente de mettre en place, en concertation avec la communauté internationale, une intervention militaire au Mali pour mettre fin à l'occupation du nord du pays par les islamistes.

Le Burkina Faso a tenté de négocier avec les islamistes du Nord Mali depuis plusieurs mois. En août, le ministre burkinabé des Affaires étrangères Djibrill Bassole s'est rendu dans les villes du Nord Mali, Gao et Kidal, toutes deux contrôlées par les islamistes. À Kidal, le ministre burkinabé a rencontré Iyad Ag Gali, le chef du groupe Ansar Dine. L'envoyé burkinabé a appelé le groupe islamique à prendre ses distances avec les autres groupes terroristes et fondamentalistes, opérant dans le Nord Mali.

Ansar Dine est entré en contact avec l'Algérie voisine, où AQMI (al-Qaïda au Maghreb islamique) a ses bases, a révélé un responsable diplomatique algérien. Sous couvert d'anonymat, ce responsable a ajouté que l'Algérie pouvait être «un facilitateur» dans la résolution de la crise malienne.

La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton a rencontré la semaine dernière le président algérien Abdelaziz Bouteflika sur la question du Mali. L'Algérie a traîné des pieds sur la question de l'intervention africaine au Mali. Selon Hillary Clinton, le président algérien veut mettre en garde contre une action irréfléchie.

Avec AFP