Le président malien par intérim Dioncounda Traoré, a souligné vendredi « l'urgence » d'une intervention armée étrangère pour libérer le nord de son pays occupé par des islamistes armés, à l'ouverture d'une réunion internationale à Bamako ayant pour but d'accélérer cette intervention.

« Nous ne devons plus perdre la moindre seconde. Il y a un caractère d'urgence, nous sommes engagés dans une course contre la montre », a déclaré M. Traoré devant de hauts responsables internationaux réunis pour harmoniser leurs positions avant l'envoi dans le nord du Mali d'une force ouest-africaine soutenue par l'ONU.

Il a remercié la communauté internationale pour son soutien au Mali depuis le début de la crise, et a rendu un hommage appuyé à la nouvelle présidente de la commission de l'Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini-Zuma, présente à Bamako, au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et au président français François Hollande.

« Grâce à votre soutien et à votre solidarité agissante, notre pays, le Mali, ne s'est jamais senti seul », a affirmé Dioncounda Traoré, assurant que les partenaires du Mali pouvaient compter sur la collaboration des autorités de ce pays.

Concernant M. Hollande, il l'a remercié « pour ses prises de position sans ambiguïté, malgré l'odieux chantage des terroristes ». Les groupes islamistes armés ont menacé de mort le chef de l'État français, en pointe dans le dossier de la crise malienne.

M. Traoré a assuré les partenaires du Mali de « la totale collaboration du gouvernement » qui, a-t-il dit, « ne vous fera pas défaut. (...) Le Mali jouera pleinement sa partition » dans la mise en place d'une intervention militaire.

Il a affirmé ne pas être un président « pris en otage » par la communauté internationale et des forces politiques et militaires maliennes qui s'opposent à lui, mais le président « d'un pays en crise conscient de la tragédie que vit le peuple malien ».

Bureaux de l'ONU et de l'UA à Bamako

Comme pour souligner, eux aussi, le caractère d'urgence que représente à leurs yeux la situation au Mali, Nkosazana Dlamini-Zuma et Jan Eliasson, secrétaire général adjoint de l'ONU, ont annoncé l'ouverture de bureaux permanents à Bamako pour mieux coordonner leurs actions respectives.

« Les Maliens comptent sur nous pour mener une action déterminée et efficace, nous devons être à la hauteur de leurs espoirs et de leurs attentes », a déclaré M. Eliasson. Il a indiqué que des experts militaires de l'ONU allaient venir au Mali pour aider, sur le plan technique, à la reprise du Nord.

Très applaudie, Mme Dlamini-Zuma a fait part de son « engagement personnel » à l'égard du Mali, premier pays dans lequel elle se rend depuis son entrée en fonction à la tête de la Commission de l'UA le 15 octobre.

« Je suis venue porter un message de solidarité de l'Afrique », a-t-elle dit, soulignant en outre que l'occupation du nord du Mali depuis plus de six mois par des groupes islamistes armés emmenés par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) est une « menace grave pour le Mali, la région et au-delà ».

L'armée malienne a subi une lourde défaite face à l'offensive lancée en janvier par les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) alliés aux islamistes armés qui ont depuis pris le contrôle total du nord du Mali, trois régions administratives représentant les deux tiers du territoire malien.

Démoralisée et sous-équipée, cette armée n'est absolument pas en mesure de reprendre le nord, où les islamistes imposent avec brutalité la charia (loi islamique), y commettant de nombreuses exactions : meurtres, lapidations, amputations, coups de fouet, destruction de monuments sacrés.

Le principe de l'envoi d'une force armée de quelque 3000 hommes venus des pays de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO), soutenue par l'ONU et recevant l'appui logistique de pays occidentaux comme la France et les États-Unis, est acquis.

Reste aux pays ouest-africains à préciser sa composition, ses besoins et ses missions pour en accélérer le déploiement, ce qu'ils devaient commencer à faire lors de la réunion de Bamako, selon des sources diplomatiques.