La crise sociale qui secoue l'Afrique du Sud a rebondi jeudi avec un nouveau débrayage à la mine de platine de Marikana (nord) d'où était parti le mouvement début août, tandis que la plupart des grévistes de Gold Fields, menacés de licenciement, ont repris le travail.    

On pensait le conflit réglé à la mine de Marikana, exploitée par le groupe britannique Lonmin, après qu'un accord salarial eut mis fin, le 18 septembre, à six semaines d'une grève sauvage émaillée de violences ayant fait 46 morts. Mais les mineurs ont à nouveau fait part de leur mécontentement.

« L'activité est perturbée, mais c'est trop tôt pour parler de grève. Des employés ne sont pas descendus (dans la mine) comme ils devaient le faire ce matin », a indiqué à l'AFP une porte-parole du groupe, Sue Vey, incapable de préciser le nombre exact de mineurs concernés par ces débrayages.

« Ce matin, environ 4000 mineurs ne sont pas descendus, mais ensuite certains y sont allés. Ça varie! »

Selon Zolisa Bodlani, l'un des meneurs de la grève qui a duré du 10 août au 20 septembre, les mineurs se plaignent de l'attitude de la police, qu'ils accusent de harcèlement.

« Il y a eu des personnes arrêtées durant le week-end. Les gars sont inquiets », a-t-il expliqué à l'AFP, notant qu'un rassemblement devait avoir lieu en fin d'après-midi sur la colline où les grévistes se réunissaient pendant le mouvement et où la police avait abattu 34 grévistes le 16 août.

« Les mineurs (...) veulent expliquer leurs problèmes à la direction. Ils ne sont pas en grève », a-t-il insisté.

La police est très active dans la région, où de nombreuses autres mines se sont mises en grève dans le sillage du mouvement de Marikana, affectant à des degrés divers les productions de platine, d'or, de chrome ou de diamants.

À Carletonville, au sud-ouest de Johannesburg, le travail a repris partiellement à la mine d'or de KDC West, vaste complexe de 14 300 employés paralysé par une grève sauvage depuis le 9 septembre. La direction avait menacé d'y licencier les 11 000 grévistes s'ils n'étaient pas revenus avant 14 h (8 h, heure de Montréal).

« Approximativement 80 % des employés de KDC West ont pointé aujourd'hui » (jeudi), soit plus de 8000 personnes, a indiqué à l'AFP le porte-parole Willie Jacobsz, juste après l'échéance de l'ultimatum.

« Tous ceux qui ne sont pas venus pointer aujourd'hui seront licenciés », a-t-il immédiatement ajouté, expliquant que la direction devait encore vérifier d'ici vendredi « si les 80 % qui ont pointé aujourd'hui sont vraiment de retour au travail ».

Dans un communiqué, le Syndicat national des mineurs (NUM, majoritaire) a félicité ses membres qui ont repris le travail « à une écrasante majorité ».

Des grévistes ont déjà prévenu qu'ils empêcheraient leurs camarades d'aller à la mine vendredi matin, selon l'agence Sapa.

La même menace de licenciement était valable pour le site de Beatrix (centre), qui emploie 9000 personnes : tous les mineurs sont retournés travailler, s'est félicitée la direction.

À Carletonville, l'ambiance n'était pas du tout à la reprise à la mine de Tau Tona, chez AngloGold Ashanti. Près de 4000 mineurs ont marché pacifiquement à la mi-journée vers les bureaux de la direction pour y faire part de leurs revendications.

Et du côté de la capitale Pretoria, on a appris jeudi qu'une grève menée par 200 personnes (sur 1100) avait « interrompu temporairement » la production à la mine de diamants de Petra Diamonds, à Cullinan. C'est là qu'on a découvert en 1905 le « Cullinan », le plus gros diamant jamais trouvé.

Inquiet devant cette agitation sociale, dont la plupart des mouvements sont des grèves sauvages dépassant les syndicats traditionnels, le président Jacob Zuma avait convoqué mercredi un sommet social, au terme duquel il a appelé à la reprise du travail « dès que possible ».

Il a notamment annoncé un geste pour le développement des principales villes minières du pays, et pourrait apporter des précisions lors d'une conférence sur les infrastructures, vendredi à Johannesburg.

Le secteur minier représente 9 % du PIB sud-africain, et 19 % avec les activités connexes.