Cinq travailleurs humanitaires, quatre Nigériens et un Tchadien, ainsi qu'un chauffeur nigérien ont été enlevés dimanche soir à Dakoro, dans le sud-est du Niger, pays sahélien frappé dans le passé par des rapts d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Dans un communiqué publié lundi soir, le gouvernement nigérien a semblé vouloir écarter la piste jihadiste. «Cet acte s'apparente plus à un règlement de comptes qu'à un enlèvement», a affirmé le cabinet du Premier ministre Brigi Rafini, assurant prendre «toutes les mesures» pour les retrouver.

Les ravisseurs ont été pris en chasse et localisés dans le nord du Niger, voisin du Mali, selon une source sécuritaire.

«Cinq humanitaires, dont un Tchadien, et un chauffeur nigérien ont été enlevés à leur domicile vers 22h00 locales par des hommes bien armés venus à bord de deux véhicules tout-terrain» et qui «parlaient arabe, tamasheq (langue des Touareg, ndlr) et haoussa», une langue régionale, a déclaré lundi à l'AFP Abou Mahamane, secrétaire général du département de Dakoro, joint par téléphone depuis Niamey.

Ils ont été «enlevés par des hommes de peau blanche et un de peau noire, parlant arabe. Le Tchadien a probablement tenté de résister et a été blessé, mais il a quand même été embarqué», a indiqué une source humanitaire.

Quatre des personnes enlevées, «dont un médecin et un infirmier», appartiennent à l'ONG nigérienne Befen (Bien-être de la femme et de l'enfant au Niger) et à l'ONG tchadienne Alerte-santé, qui ont demandé leur libération et rappelé leur «impartialité».

Ravisseurs localisés dans le nord du Niger

Après le rapt, les ravisseurs «ont filé droit vers la région d'Agadez», dans le nord du Niger, a expliqué Abou Mahamane.

Un avion de reconnaissance de l'armée nigérienne «a pu localiser les ravisseurs dans les montagnes dans la zone d'Ingal, à une centaine de km à l'ouest de la ville d'Agadez», a affirmé une source sécuritaire.

«Il paraît qu'il y a une localisation des ravisseurs par l'armée nigérienne dans le nord, et que l'armée est déterminée à neutraliser les ravisseurs. C'est ça notre inquiétude», a déclaré une source humanitaire au Niger. «Il faut préserver la sécurité et la vie des otages», a-t-elle insisté, soulignant qu'aucune revendication n'avait été émise.

«Des renforts sont arrivés sur place à Dakoro» et ont sécurisé le site, qui abrite encore «des humanitaires africains», a relevé le responsable du département.

Dakoro est situé dans la zone de Maradi, capitale économique du Niger et grande ville de cette région frontalière du Nigeria, le grand pays voisin où opère le groupe islamiste Boko Haram, qui a établi ces derniers mois des contacts avec Aqmi.

Dans le cadre de l'aide humanitaire, «des Occidentaux séjournent souvent à Dakoro, il est fort probable que les ravisseurs étaient à leur recherche», a estimé une source diplomatique occidentale à Niamey.

En septembre 2010, Aqmi avait enlevé sept personnes dans la région touareg d'Agadez, parmi lesquelles la mouvance jihadiste retient toujours quatre Français.

Au total neuf Européens, dont six Français, sont aux mains d'Aqmi au Sahel. L'un des groupes islamistes armés contrôlant, avec Aqmi notamment, le nord du Mali depuis six mois, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), retient en outre au moins trois otages algériens.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi une résolution pressant les pays ouest-africains de préciser leurs plans en vue d'une intervention militaire destinée à reconquérir le nord du Mali. Le texte invite aussi le gouvernement malien et les rebelles touareg, évincés dans le nord malien par les islamistes, à entamer un processus de négociation.

Le Niger, qui a connu plusieurs rébellions touareg sur son territoire et est l'un des pays de la région frappés par les opérations d'Aqmi, devrait fournir des troupes à une opération armée régionale au Mali.