Quatre personnes dont un policier ont été tuées à l'arme blanche lors de violences survenues au cours d'un meeting politique jeudi à Kilifi, sur la côte de l'Océan indien au Kenya, une région touristique secouée par des troubles depuis plusieurs semaines.

«Nous avons perdu quatre personnes dans ces violences», provoquées par l'irruption d'un groupe de manifestants hostiles et armés de machettes, lors d'une réunion publique animée par un membre du gouvernement kényan, a indiqué à l'AFP le chef de la police pour la province de la Côte, Aggrey Adoli.

Un policier, le garde du corps de Amason Kingi, secrétaire d'État à la pêche qui animait la réunion, est décédé de ses blessures alors qu'il protégeait le membre du gouvernement, a-t-on précisé de source policière.

Trois civils ont également été tués à l'arme blanche, à la suite de l'irruption d'un groupe de plusieurs dizaines d'hommes en armes.

«Nous sommes en train d'enquêter sur l'origine de ces violences, mais nous détenons déjà plusieurs suspects», a déclaré à l'AFP M. Adoli.

Les agresseurs sont soupçonnés d'appartenir ou de sympathiser avec un mouvement sécessionniste qui réclame l'indépendance de la côte kényane du reste du pays, le Conseil républicain de Mombasa (MRC selon l'acronyme anglais), a indiqué une source policière sous couvert de l'anonymat.

Ils ont commencé par huer le ministre et crier des slogans hostiles à la tenue dans la région côtière des prochaines élections générales au Kenya, prévues le 4 mars prochain, selon cette source.

Le Premier ministre kényan Raila Odinga a de son côté «exprimé ses condoléances aux familles et proches des Kényans innocents qui ont perdu la vie lors d'une attaque menée par des hooligans lors d'une réunion publique aujourd'hui (jeudi)», par la voix de son porte-parole Dennis Onyango.

M. Odinga a condamné «un acte de hooliganisme et de terreur (...) qui n'a pas sa place dans la société pour la création de laquelle les Kényans se battent et font des sacrifices», assurant que des tels actes «ne peuvent et ne seront en aucun cas tolérés».

Aucun responsable du MRC n'a pu être contacté, ni n'a immédiatement commenté les violences évoquées par la police et le Premier ministre. Le MRC recrute parmi la jeunesse sans travail ni perspective professionnelle de la Côte, une région dont la population est souvent marginalisée économiquement, en dépit des très nombreux établissements hôteliers de luxe qui y sont installés.

Dans la même région de la Côte, des violences tribales - soupçonnées d'être alimentées par des hommes politiques locaux à l'approche des élections générales - ont fait plus de 100 morts en août et début septembre, dans la région rurale de Tana River.

Cinq personnes ont par ailleurs été tuées dans des émeutes d'origine distinctes, mais toujours dans la même région, qui ont secoué pendant plusieurs jours la principale ville de la côte kényane, Mombasa, à la suite du meurtre d'un prédicateur islamiste radical, Aboud Rogo Mohammed.

Ces violences en série ont fait baisser de façon spectaculaire la fréquentation des hôtels et des villages de vacances de la région.