Une nouvelle grève a éclaté vendredi dans une mine d'or sud-africaine, preuve que la crise sociale n'est toujours pas terminée dans ce secteur vital de l'économie, malgré l'accord trouvé à Marikana (nord), où le conflit avait fait 46 morts en un mois.                

Le scénario de la mine d'or de Kopanang près d'Orkney, à 170 km au sud-est de Johannesburg, ressemble à s'y méprendre à celui des mines de platine au mois d'août : un groupe de mineurs a déclenché une grève sauvage, sans passer par les syndicats et sans utiliser les voies légales pour prévenir la direction du groupe AngloGold Ashanti de leurs revendications.

« Les travailleurs de l'une de nos mines (...) se sont mis en grève. Ça a commencé hier soir (jeudi) et ça continue aujourd'hui (vendredi) », a indiqué à l'AFP le porte-parole du groupe sud-africain Alan Fine.

« C'est une grève sauvage », a-t-il souligné, ajoutant que la direction n'avait reçu aucune revendication.

AngloGold Ashanti est le troisième producteur mondial d'or. La mine de Kopanang, qui emploie environ 5000 personnes, représente 7 % des opérations du groupe, avec 307 000 onces d'or extraites en 2011, selon le site de la compagnie.

La tension dans les mines avait pourtant baissé d'un cran cette semaine, avec la conclusion d'un accord à la mine de platine de Marikana, exploitée par Lonmin.

Ce conflit social a fait au total 46 morts. Dix personnes - dont deux policiers - ont été tuées début août en marge d'affrontements intersyndicaux. Trente-quatre mineurs ont été abattus par la police le 16 août, et une femme est morte à l'hôpital après avoir été touchée par une balle en caoutchouc le 15 septembre lors de la dispersion d'un rassemblement par la police.

Une marche des femmes de Marikana est prévue samedi matin, pour demander le retrait des forces de l'ordre de la région et « la fin des brutalités policières ».

L'accord passé entre grévistes et direction de Lonmin prévoit des augmentations de salaire allant de 11 à 22 %, assorties d'une prime ponctuelle de 190 euros (environ 241 $) pour la reprise du travail.

Mais le secteur minier, qui assure près d'un cinquième du PIB sud-africain, s'inquiète désormais des risques de contagion de ce « précédent », alors que plusieurs sites majeurs sont confrontés à des revendications salariales équivalentes.

Une autre mine d'or, exploitée par le groupe Gold Fields, est paralysée par un mouvement social depuis près de deux semaines. Les grévistes y réclament un salaire mensuel de 12 500 rands (1479 $) nets, reprenant la revendication majeure de Marikana.

Dans le secteur du platine, les meneurs de la grève chez le géant Amplats ont annoncé qu'ils rencontreraient leur direction mardi, pour tenter là aussi d'obtenir de substantielles augmentations de salaire.

Les sites d'Amplats, fermés provisoirement la semaine passée, ont rouvert, mais la direction a admis jeudi que moins de 20 % des employés étaient effectivement au travail.

Cette flambée de revendications et de violences dans les mines sud-africaine a débuté en août avec les événements sanglants de Marikana.

La fin de semaine dernière, le gouvernement a décidé de reprendre la main et a lancé une massive opération de maintien de l'ordre.

Les mineurs, qui manifestaient régulièrement avec des machettes, des lances et des bâtons, ont été désarmés. Tous les rassemblements de plus de 15 personnes non autorisés ont été dispersés par la force, avec gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc.

L'association de défense des droits civiques Section 27, en appelant les femmes de plusieurs provinces à se joindre à la marche de samedi à Marikana, a dénoncé « les actions illégales de la police ».

« Depuis le début de la grève et la répression policière, les femmes et les enfants de Marikana ont été les objets d'intimidations et de harcèlement quotidiens, de descente de police en pleine nuit avec portes enfoncées », affirme Section 27.

Vendredi, le ministre de la Justice Jeff Radebe a par ailleurs confirmé que la commission d'enquête sur le massacre du 16 août, mise en place par le président Jacob Zuma, devrait rendre ses conclusions d'ici janvier.