Le jeune tribun sud-africain Julius Malema, l'ancien chef de file des jeunes de l'ANC exclu du parti dominant en Afrique du Sud, a été expulsé lundi par la police d'un rassemblement de mineurs en grève près de Marikana (nord), a constaté un photographe de l'AFP.    

Lorsque Julius Malema est arrivé, il a essayé d'entrer dans le stade où 2000 grévistes s'étaient rassemblés mais la police l'a refoulé, en indiquant que sa présence n'était pas autorisée, et l'empêchant pour la première fois de prendre la parole en public.

La police lui a signifié que seuls les travailleurs et les négociateurs du conflit qui bloque depuis plus d'un mois la mine de platine du groupe britannique Lonmin pouvaient pénétrer dans le stade, aux abords duquel environ 2000 autres personnes étaient regroupées.

Des médiateurs religieux devaient y rendre compte des progrès des négociations salariales.

Après de longues discussions devant l'accès du stade, Malema a été éloigné sous escorte policière, suscitant la colère de certains travailleurs qui ont jeté des pierres sur la police et hurlé qu'ils voulaient que le jeune politicien s'exprime.

Un autre manifestant avait auparavant proféré des menaces de mort contre le jeune tribun.

Un hélicoptère de la police survolait la zone, tandis que des policiers à pied ont rapidement pris position devant les autres accès du stade pour l'empêcher de rentrer par une autre entrée, selon l'agence sud-africaine Sapa.

Expulsé de l'ANC pour indiscipline en avril, Malema, 31 ans, surfe sur le mécontentement social qui agite les mines sud-africaines depuis plusieurs semaines. Jusqu'à présent, il avait toujours pu prendre la parole, et avait toujours eu un fort impact médiatique.

Il a appelé la semaine dernière les mineurs à une grève de cinq jours par mois jusqu'à ce qu'ils obtiennent tous 12 500 rands par mois (1468 $), la revendication des foreurs de Marikana depuis le début de leur grève sauvage le 10 août.

Parti en croisade contre ses anciens amis de la direction de l'ANC et leurs alliés des syndicats dominants qu'il accuse notamment d'avoir trahi la base en devenant actionnaires des compagnies minières, il a entamé une tournée des mines, jurant de les rendre « ingouvernables ».

Il avait déjà détourné à son profit une cérémonie d'hommage aux 34 manifestants abattus par la police le 16 août à Marikana pour la transformer en rassemblement politique.

Mais le gouvernement a exhorté vendredi les forces de l'ordre à mettre un terme aux troubles agitant le bassin de Rustenburg, où est située Marikana, en encadrant notamment les rassemblements.

L'unité d'élite des « Hawks » (Faucons) de la police a parallèlement ouvert une enquête contre Malema, accusé d'incitation à la violence et intimidations.

Si la réunion du stade de Marikana a été autorisée lundi, des policiers ont dispersé un autre rassemblement de mineurs dans la matinée, comme ils avaient empêché des manifestations dimanche.

42 arrestations à Rasimone

La police sud-africaine a arrêté lundi 42 personnes pour rassemblement illégal près de la mine de platine de Rasimone, près de Sun City (nord), a-t-elle indiqué dans un communiqué.

« Quelque 1500 personnes se sont réunies pour s'embarquer dans une grève illégale pour des augmentations de salaire au village de Robega près du puits nord de Rasimone, et la police a été appelée pour surveiller la situation », a-t-elle raconté, ajoutant que « la situation est calme et la police la surveille ».

« Il y avait des gens rassemblés dans le village près de Rasimone. Ils voulaient empêcher les autres de venir travailler », a indiqué à l'AFP Kea Kalebe, porte-parole de Royal Bafokeng Platinum, la société qui exploite la mine.

« Parmi eux, il y a probablement certains de nos employés. (...) Tout le monde n'est pas venu au travail aujourd'hui » (lundi), a-t-elle poursuivi sans donner de chiffres, soulignant toutefois que la production se poursuivait.

La mine de Rasimone, déjà affectée par une courte grève fin août, a produit 180 000 onces de platine en 2011, soit 4 % de la production sud-africaine.

Zuma réclame un accord «sans tarder»



Le président sud-africain Jacob Zuma a appelé lundi employeurs et salariés en grève du bassin minier de Rustenburg près de Marikana à s'entendre « sans tarder » compte tenu de l'impact du conflit sur l'économie nationale.

« Nous pressons les salariés et leurs employeurs de trouver une solution sans tarder davantage compte tenu de l'impact (du conflit, NDLR) sur l'économie », a déclaré M. Zuma, à l'ouverture du congrès du Cosatu, la grande confédération des syndicats sud-africains. « Nous ne pouvons pas nous permettre une récession », a-t-il ajouté.