Les grévistes de la mine sud-africaine de Marikana (nord) attendaient les résultats de négociations prévues mercredi et destinées à trouver une issue au conflit social qui a fait 44 morts, alors que la police s'est déployée en force pour protéger ceux qui voulaient travailler, victimes d'intimidations.

La direction du groupe britannique Lonmin, les représentants des mineurs et du ministère du Travail devaient se retrouver à 10 h (4 h, heure de Montréal) mercredi dans la ville de Rustenburg voisine du site pour évoquer les questions de fond : le retour à une situation pacifique sur le terrain et, probablement, les revendications salariales des grévistes.

Mardi, les menaces des grévistes avaient visiblement porté, puisque Lonmin a indiqué que seuls 8 % de ses 28 000 employés s'étaient rendus au travail, un chiffre encore moins élevé que lundi (13 %).

Les forces de l'ordre, qui faisaient profil bas depuis que les policiers ont abattu 34 personnes le 16 août, étaient de nouveau visibles sur le site. Elles étaient positionnées devant les foyers et le bidonville où logent la plupart des mineurs, procédant à des fouilles aléatoires.

Des vigiles armés gardaient les entrées de la mine de platine. Il s'agissait surtout de protéger les non grévistes, menacés de représailles s'ils se rendaient au travail.

« Occupons-nous d'eux lorsqu'ils reviendront du travail! », avait lancé lundi Sandiso Mpumlwana, l'un des meneurs de la grève sauvage lancée par les foreurs de Marikana, qui réclament de substantielles augmentations de salaire.

« Nous comprenons que les employés attendent que l'environnement soit sûr avant de retourner travailler », a admis Lonmin dans un communiqué.

Dans la journée, la ministre du Travail Mildred Oliphant a rencontré des représentants des travailleurs non syndiqués, pour préparer la séance de négociations cruciale de mercredi.

La ministre « a écouté leurs doléances et ils pourront s'exprimer lors de la grande réunion de demain », a indiqué son porte-parole Musa Zondi, qui avait bon espoir « d'une stabilisation et d'une solution à l'impasse ».

« L'issue de la réunion dira si la grève continue ou se termine. Nous allons reposer la question de nos revendications salariales », a pour sa part déclaré un mineur non-syndiqué, Zolisa Bodlani. « Le gouvernement est notre dernier espoir », avait-il auparavant déclaré.

Pour Lonmin, « la signature d'un accord de paix est considérée comme la première étape du processus de résolution (du conflit) et donnera à toutes les parties un cadre au sein duquel les points --tels que les salaires-- pourront être discutés ».

Quelque 3000 foreurs, sur les 28 000 employés du site, s'étaient mis en grève le 10 août, réclamant un triplement de leur salaire.

Dix hommes, dont deux policiers, ont été tués entre le 10 et le 12 août dans des affrontements intersyndicaux. Puis une fusillade a fait 34 morts le 16 août où la police a tiré sur une foule hostile armée de machettes, de gourdins et, selon la police, d'armes à feu volées aux policiers et gardes tués précédemment.

Quelque 259 mineurs arrêtés lors des événements comparaissent depuis lundi devant un tribunal de la banlieue de Pretoria. L'audience a été suspendue mardi en raison d'une panne d'électricité et devait se poursuivre mercredi.

Leur libération fait partie des revendications des grévistes et des familles. Le parquet s'y oppose pour l'heure, réclamant un prolongement de la détention provisoire et un complément d'enquête pour que la police puisse faire le tri et identifier les auteurs des meurtres des premiers jours de grève.

Leurs 78 collègues blessés sont également en état d'arrestation, a-t-il été indiqué à l'audience lundi.