Des hommes armés ont ouvert le feu lors d'un office dans un temple évangélique du centre du Nigeria, tuant le pasteur et dix-huit fidèles dans le dernier épisode en date des violences intercommunautaires qui secouent le pays le plus peuplé d'Afrique, ont annoncé mardi les autorités.

«L'attaque s'est produite à 20h20. L'attaque par des hommes armés inconnus a visé la Deeper Life Church. Ils assistaient à l'office normal de lundi soir lorsque le temple a été attaqué. Sur place nous avons vu quinze personnes mortes, dont le pasteur l'église», a déclaré le lieutenant-colonel Gabriel Olorunyomi, chef de la force militaire commune (JTF) de l'État de Kogi

Quatre autres personnes ont succombé plus tard à leurs blessures, a précisé le lieutenant-colonel Olorunyomi, portant le bilan à 19 morts.

Un porte-parole de la police a indiqué pour sa part que le temple, situé dans la ville d'Okene, avait été attaqué par des inconnus pour des raisons non encore élucidées.

«Ils sont entrés dans l'église, ils ont ouvert le feu et sont partis. Nous ignorons leurs mobiles à ce stade», a dit le porte-parole Simon Ile.

L'attaque n'a pas été revendiquée. Situé au sud-ouest de la capitale Abuja, le Kogi a été relativement épargné jusqu'à présent par les violences des islamistes de Boko Haram.

Le groupe dont de nombreux membres viendraient du Kogi a revendiqué des dizaines d'attaques et attentats contre des églises du nord et du centre du pays qui ont fait des centaines de morts.

Une autre église d'Okene avait été visée par un attentat à la bombe le mois dernier, mais l'explosion n'avait pas fait de victimes.

En avril, l'armée avait déclaré avoir découvert une fabrique de bombes de Boko Haram dans la ville d'Ogaminana, dans le même État de Kogi.

Les insurgés s'en prennent aussi régulièrement à des représentants de l'État: police, armée notamment, et même à des responsables musulmans qu'ils accusent d'être trop proches de l'élite corrompue du Nigeria.

Dans une vidéo mise en ligne samedi, le chef présumé du groupe, Abubakar Shekau, a qualifié le président américain Barack Obama de «terroriste» après la décision de Washington de le placer sur la liste noire anti-terroriste des États-Unis.

Dans la même vidéo, le chef présumé de Boko Haram a demandé au président nigérian Goodluck Jonathan de démissionner et de se convertir à l'islam.

Dimanche, le président Jonathan a condamné le «chantage» d'Abubakar Shekau. «Quand les Nigerians ont majoritairement voté pour le président Jonathan à l'élection présidentielle de 2011, ils savaient qu'ils élisaient un chrétien (...) En tant que président, M. Jonathan est le dirigeant des chrétiens et des musulmans», a souligné son porte-parole.

Pays le plus peuplé et premier producteur de brut d'Afrique, le Nigeria est divisé entre un Nord majoritairement musulman et un Sud à dominante chrétienne.

En juin, le président Jonathan avait accusé Boko Haram de viser les églises pour provoquer une crise et déstabiliser le gouvernement.