Les deux principaux protagonistes de la crise malgache, l'ex-président Marc Ravalomanana et l'actuel président de la Transition Andry Rajoelina, vont devoir se revoir dans les jours qui viennent, faute d'avoir pu aplanir leurs différends lors d'une réunion aux Seychelles.

«Il y aura encore une rencontre dans quelques jours», a déclaré jeudi M. Rajoelina, en rentrant à Antananarivo.

Il a raconté que deux réunions avaient été organisées à l'abri des regards à Desroches, petite île isolée de l'archipel des Seychelles: la première dans la nuit de mardi et mercredi et la seconde mercredi en présence des présidents sud-africain Jacob Zuma et seychellois James Michel.

«À l'issue des deux réunions, les deux présidents ont décidé de programmer une autre réunion», le temps imparti pour les discussions étant insuffisant, a-t-il noté.

L'homme fort de Madagascar, qui a renversé M. Ravalomanana en 2009 lors d'une révolte populaire, a précisé qu'il n'avait pas pris de décisions qui auraient risqué de «déstabiliser encore le pays».

Si M. Rajoelina ne s'est pas étendu sur le détail des discussions, le principal point de désaccord concerne le retour à Madagascar de l'ancien président et son amnistie, selon Marius Fransman, vice-ministre sud-africain des Affaires étrangères qui mène les efforts de médiation de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC).

«Les discussions ont été cordiales et les participants ont fait preuve de responsabilité», a commenté l'organisation régionale dans un communiqué.

La SADC, dont M. Zuma préside l'organe de défense, tente de trouver une issue à la crise dans laquelle est plongée la Grande Ile depuis plus de trois ans.

Elle a sommé MM. Rajoelina et Ravalomanana de se mettre d'accord avant le 31 juillet, les forçant à se parler en face à face - chose qu'ils avaient toujours évitée, même s'ils se sont déjà croisés -, et menaçant de désavouer le responsable d'un éventuel échec, qui se retrouverait de fait isolé.

Marius Fransman a précisé jeudi lors d'un point de presse aux Seychelles que les deux hommes avaient convenu de se rencontrer à nouveau dans les dix jours - ce qui de facto pourrait conduire après la date-butoir du 31 juillet -, sans toutefois indiquer le lieu de cette nouvelle rencontre. Il a expliqué que cela dépendrait des disponibilités des uns et des autres.

«Après le deuxième round (des négociations) dans quelques jours, il y aura ensuite le sommet de la SADC (les 17 et 18 août à Maputo, NDLR). La SADC prendra alors des sanctions contre ceux qui font blocage», a noté Andry Rajoelina.

«La question qui se pose est de savoir si la volonté de résoudre la crise existe vraiment. Personnellement, c'est cet état d'esprit qui m'a conduit à cette rencontre. La SADC a pu reconnaître celui qui a vraiment l'intention de résoudre la crise à Madagascar et celui qui en est le facteur de blocage», a-t-il lancé à son adversaire.

Le camp Ravalomanana est resté muet jeudi.

Plusieurs accords signés par les deux principaux protagonistes depuis la prise de pouvoir de M. Rajoelina n'ont jamais permis de trouver une issue. La signature, en septembre 2011, d'une «feuille de route» vers une sortie de crise n'a débouché sur aucun progrès notable.

Parmi les principales pierres d'achoppement: le retour de M. Ravalomanana, exilé en Afrique du Sud depuis sa chute, ses démêlés avec la justice et la question des candidatures à la future présidentielle, annoncée pour mai ou juin 2013.

Marc Ravalomanana veut rentrer à Madagascar pour se présenter. Mais il a été condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité après la mort de plusieurs dizaines de manifestants abattus par sa garde présidentielle en 2009.

Ces crimes ont été exclus d'une loi d'amnistie récemment votée, et les autorités malgaches ont averti qu'il serait arrêté à son arrivée s'il rentrait au pays.

C'est sur ce problème que MM. Rajoelina et Ravalomanana se sont accrochés, selon Marius Fransman.