Le Soudan du Sud a accusé samedi le Soudan d'avoir de nouveau bombardé son territoire, et jugé impossible, malgré la récente poignée de main des présidents soudanais, Omar el-Béchir, et sud-soudanais, Salva Kiir, de poursuivre les négociations «bilatérales directes» avec Khartoum.

«Il y a eu des bombardements hier (vendredi) matin à 3 h 25 dans un endroit appelé Rubaker, dans (l'État) du Bahr-El-Ghazal-Nord», a affirmé Philip Aguer, porte-parole de l'armée sud-soudanais, à l'AFP.

Selon lui, huit bombes ont été larguées par des avions, de fabrication russe, Antonov de l'armée soudanaise. «Deux civils ont été blessés -- un homme et une femme. Ils dormaient dans leur maison dans les villages de Wuer Kil et Wuer Puech,» a poursuivi M. Aguer.

«Nous n'avons pas d'autre choix que de suspendre nos pourparlers bilatéraux directs avec le Soudan,» a de son côté déclaré le porte-parole de la délégation sud-soudanaise dans ces négociations, Atif Kiir.

«Nous ne pouvons pas nous asseoir avec eux pour négocier pendant qu'ils bombardent notre territoire,» a poursuivi ce dernier depuis la capitale éthiopienne Addis Abeba, où se déroulent les pourparlers soudanais sous l'égide de l'Union africaine (UA).

Selon M. Kiir, les délégations rejoignent Addis ce samedi, pour reprendre les discussions à partir de dimanche. Mais ces discussions se feront par l'intermédiaire d'un médiateur.

«Les seules négociations qui se feront maintenant, se feront via le panel» de l'UA, a poursuivi M. Kiir, estimant que la poignée de main que se sont donnés dimanche au dernier sommet de l'UA les présidents Béchir et Kiir n'avait «pas d'écho».

Pour M. Aguer, les nouveaux bombardements pourraient «avoir des conséquences parce que, peut-être, l'intention du Soudan est de nous bombarder et de cesser les pourparlers.» «La dernière fois qu'ils ont voulu interrompre les négociations à Addis Abeba, ils nous ont bombardés (...) c'était le 26 mars.»

«Il y a des gens qui ne veulent pas des pourparlers au sein du régime de Khartoum -- c'est pour cela qu'ils nous bombardent,» a renchéri le ministre sud-soudanais de la Communication, Barnaba Marial Benjamin.

Fin mars, les combats avaient conduit à une escalade de violences entre Juba et Khartoum qui avait fait craindre une nouvelle guerre ouverte entre les deux parties. Le Nord et le Sud se sont livré des décennies de guerre civile dans le passé, qui ont fait des millions de morts.

À la suite de ces combats, les négociations, destinées à résoudre des différends jamais réglés entre le Nord et le Sud malgré l'accès à l'indépendance du Sud en juillet 2011, avaient été interrompues début avril. Elles avaient laborieusement repris fin mai.

Parmi les principaux points de désaccord entre les deux capitales figurent la démarcation de la frontière commune des deux pays et le partage de la manne pétrolière du Soudan d'avant partition.

Le Soudan du Sud a hérité des trois quarts des réserves de brut, mais reste tributaire des infrastructures du nord pour exporter et Juba et Khartoum ne parviennent pas à se mettre d'accord sur les droits de passage.