Le parti du président Denis Sassou Nguesso a, sans surprise, obtenu une très large avance au premier tour des législatives au Congo organisé le 15 juillet, qui devrait lui permettre de conserver, avec ses alliés, la mainmise sur l'Assemblée nationale.    

Le Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) a remporté 57 des 69 sièges pourvus dès la première manche du scrutin, selon les résultats annoncés vendredi par le ministre de l'Intérieur. Le second tour, avancé mardi au 29 juillet par la Commission nationale électorale (CONEL) a été fixé au 5 août par un « décret présidentiel », a annoncé le ministre.

Dix autres sièges, sur les 135 à pourvoir, vont à des partis alliés au PCT. L'opposition n'en a obtenu qu'un, et un candidat indépendant a été élu.

Un des principaux opposants, Mathias Dzon, chef de l'Alliance pour la république et la démocratie (ARD), a indiqué à l'AFP que ce scrutin avait été « complètement truqué ». L'ARD, qui regroupe dix formations d'opposition avait boycotté le scrutin de 2007. Elle a présenté environ 70 candidats, dont aucun n'a encore été élu.

« Quand on regarde l'ensemble des résultats, 90 % d'élus viennent du PCT parce que c'est une élection complètement truquée », a-t-il estimé.

Le ministre de l'Intérieur, Raymond Zéphirin Mboulou, n'a pas précisé le taux de participation. L'Observatoire congolais des droits de l'homme (OCDH) l'a déjà estimé à 15 % et les observateurs de l'Union africaine (UA) et de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) l'ont jugé faible, sans donner de chiffre.

Le PCT et ses alliés détenaient la majorité absolue dans l'Assemblée sortante, l'opposition n'ayant que 12 élus. Les dernières législatives de 2007 ont été marquées par des fraudes et des dysfonctionnements dénoncés par les observateurs de l'UA.

Le seul siège de l'opposition revient à sa principale formation, l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS). L'un de ses responsables, interrogé vendredi par l'AFP sous couvert de l'anonymat, a vu dans ce résultat une « débâcle ».

Le PCT a obtenu des sièges dans tous les départements, sauf dans la Lékoumou (sud-ouest) où quatre de ses candidats sont en ballottage. L'ancien parti unique (1969-1992) a raflé la quasi-totalité des 45 sièges du centre et du nord du pays. Dans la Cuvette (nord), fief du président Sassou Nguesso, il compte 11 élus, dont Denis Christel Sassou Nguesso, fils du chef de l'État. Sa fille, Claudia Lembouma Sassou Nguesso, a été élue à Brazzaville.

Quelques incidents au premier tour

Dans la première circonscription de Gamboma (centre) où des incidents après le vote ont fait trois blessés, le candidat Hugues Ngouélondélé du PCT, gendre du président Sassou Nguesso, l'a emporté face à Mathias Dzon même si celui-ci a revendiqué la victoire le soir du scrutin après le dépouillement.

M. Dzon avait été bloqué mercredi à Odziba (100 km au nord de Brazzaville) alors qu'il tentait de regagner la capitale. Il avait dû négocier avec la police qui l'avait ensuite escorté jusqu'à son domicile à Brazzaville.

La France a dit avoir pris « bonne note » des résultats du vote dans son ancienne colonie, tout en souhaitant voir « le scrutin se poursuivre de manière sereine sans que les candidats, quelque tendance qu'ils représentent, soient inquiétés ».

Mardi, la mission conjointe de la soixantaine d'observateurs de l'UA et de la CEEAC a relevé une vingtaine de « points négatifs » et moins d'une dizaine de « points positifs » lors du scrutin. Elle a notamment regretté que certains délégués des candidats aient été agents de bureau de vote ou que des agents de sécurité aient contrôlé les cartes d'électeurs.

Raymond Zéphirin Mboulou a invité les candidats encore en lice « à contenir leurs militants respectifs pour que nous ayons le 5 août un scrutin apaisé, juste et transparent excluant toute forme de violence ».

Faute de pouvoir réviser les listes électorales, le scrutin n'a pas eu lieu dans trois circonscriptions de Brazzaville touchées par l'explosion meurtrière d'un dépôt de munitions en mars dernier. À Vindza (sud), il a été reporté sine die à la suite d'incidents lors d'un rassemblement du candidat du PCT, deux jours avant le vote.

La République du Congo (dite Congo-Brazzaville) est un pays d'Afrique centrale de 4 millions d'habitants, riche en pétrole et en bois, mais dont la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.