Le ministre malien de la Justice a demandé mercredi aux procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) d'ouvrir une enquête sur les «crimes graves et de grande envergure» perpétrés dans le pays depuis le coup d'État du mois de mars.

Dans un communiqué, la procureure Fatou Bensouda affirme que le ministre malien de la Justice, Malick Coulibaly, lui a remis une lettre lui demandant «de déterminer si une ou plusieurs personnes devraient être accusées» en lien avec les violences commises depuis le début de l'année au Mali.

Le Mali est plongé dans les turbulences depuis le coup d'État qui a renversé le président démocratiquement élu, Amadou Toumani Touré.

Selon la procureure Bensouda, les crimes allégués, qui comprennent des meurtres, des viols et l'enrôlement forcé d'enfants-soldats, ont été rapportés «par plusieurs sources».

Dans sa lettre à la CPI, le ministre Coulibaly affirme que les crimes comprennent des violations «graves et de grande envergure des droits de la personne et du droit international humanitaire, particulièrement dans le nord du pays».

Après le coup d'État, les rebelles touaregs qui revendiquent un État indépendant ont pris le contrôle du nord du pays, mais ils en ont été délogés en juin par deux milices islamistes qui veulent imposer l'application stricte de la loi islamique dans la région. Il y aurait environ 700 combattants islamistes dans le nord du Mali.

Plus tôt ce mois-ci, la procureure de la CPI avait estimé que la destruction des mausolées sacrés dans la ville historique de Tombouctou pourrait constituer un crime de guerre.

Les islamistes estiment que les mausolées violent la loi islamique en encourageant les gens à prier devant des saints plutôt que devant Allah.

Mme Bensouda a précisé avoir demandé à son équipe de lancer rapidement une enquête préliminaire pour déterminer si la CPI peut prendre la responsabilité du dossier.

Le Mali est le quatrième pays africain à demander à la CPI d'enquêter sur des atrocités, après l'Ouganda, la République démocratique du Congo et la République centrafricaine.