Depuis le mois d'avril, la région du Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), est en proie à une mutinerie du M23, composé d'ex-membres d'un mouvement de rébellion soutenu par le Rwanda. Près de 200 000 civils ont dû fuir la région. La semaine dernière, les mutins ont d'abord pris le contrôle d'une demi-douzaine de villes du Nord-Kivu avant que l'armée, aidée de l'ONU, ne reprenne l'avantage sur les positions du M23. La Presse fait le point avec Comfort Ero, directrice du programme pour l'Afrique à l'International Crisis Group.

M23

Les mutins sont des exmembres de la rébellion congolaise tutsi, intégrés dans l'armée congolaise dans le cadre d'un accord de paix avec Kinshasa signé le 23 mars 2009, date dont le groupe a tiré son nom. Ils réclament l'application complète de ces accords, notamment en ce qui concerne leur pleine intégration à l'armée, et ont commencé à faire défection en avril au nord et au sud de la région de Kivu. « La rébellion a commencé depuis des années, mais elle s'est intensifiée depuis le mois d'avril », dit Comfort Ero. La semaine dernière, le M23, dont certains membres sont accusés de graves exactions, ont pris Bunagana, important poste frontière avec l'Ouganda, après des combats avec l'armée, et des localités voisines, sans résistance cette fois. Dès jeudi, l'armée congolaise et l'ONU ont repris le contrôle de certaines villes. Ce « retour » est vivement critiqué par les mutins.

Kivu

Cette région située près des frontières avec l'Ouganda et le Rwanda est riche en minéraux. Elle est aussi le principal foyer de conflits du pays et de tensions dans la région des Grands lacs africains. C'est au Kivu que se sont réfugiés, après le génocide, près de deux millions de Hutus. Depuis, les tensions ethniques et politiques ont donné naissance à plusieurs rébellions et guerres, notamment de 2004 à 2009.

Rwanda

Kinshasa et l'ONU accusent le Rwanda de soutenir les rebelles du M23. Une affirmation que nie vivement Paul Kagamé. «Ma réponse est que nous ne sommes absolument pas liés à tout cela. Nous ne soutenons pas le M23 et nous n'en avons pas l'intention, car nous ne savons pas ce qu'ils veulent. Ça n'aurait aucun sens d'être impliqué, car notre relation avec la RDC était très bonne», a-t-il répondu, hier, à la BBC.

Dialogue

«Le pire des scénarios, ce serait une crise entre le Rwanda et le RDCongo, et que celà accentue la crise humanitaire pour les civils», craint Mme Ero. Les Nations unies sont présentes depuis plus de 10 ans dans la région, dans le cadre d'une mission de maintien de la paix. Mais la sécurité dans la région n'est pas assurée. Comfort Ero croit également que tous les Congolais doivent reprendre le dialogue, afin d'éviter l'émergence d'un nouveau conflit.