Près de 900 personnes ont été tuées dans une série d'attaques inter-ethniques au Soudan du Sud entre fin décembre et début février derniers, les pires violences dans ce pays depuis l'indépendance il y a près d'un an, a établi lundi la mission des Nations Unies sur place.

Ces attaques avaient culminé avec un raid mené fin décembre par quelque 6.000 jeunes hommes armés Lou Nuer contre la localité de Pibor et ses environs, peuplés par leurs rivaux Murle, dans l'État sud-soudanais de Jonglei.

Le chef de l'administration de la région de Pibor, Joshua Konyi, avait alors fait état de plus de 3.000 morts lors de ce raid, un bilan que la mission des Nations Unies au Soudan du Sud (Minuss) s'était alors refusé à confirmer.

«La mission des Nations Unies au Soudan du Sud a eu confirmation de 612 morts au cours des attaques contre la communauté Murle entre le 23 décembre et le 4 janvier», a indiqué cette organisation dans son rapport sur le sujet.

Ce raid avait à son tour entraîné une série d'attaques en représailles contre des zones peuplées majoritairement de Lou Nuer et de Dinka, leurs alliés traditionnels.

La Minuss «a relevé 276 morts en conséquence des attaques contre les communautés Lou Nuer et Dinka entre le 27 décembre et le 4 février», poursuit le rapport.

Le rapport onusien exhorte le gouvernement sud-soudanais à accélérer «de toute urgence» les travaux d'une commission d'enquête formée en mars pour enquêter sur les violences dans l'État de Jonglei, alors que certains auteurs des violences avaient signé leur nom par des graffitis sur des murs, ou revendiqué leur action sur internet.

«Une impunité de longue date et le refus de traiter comme des crimes les meurtres, enlèvements et autres actes de violence associés aux vols de bétail ont sans nul doute contribué aux cycles d'attaques et de contre-attaques de représailles», estime la Minuss.

Des affrontements et des vendettas opposent depuis des années les communautés Lou Nuer et Murle, mais les attaques de fin 2011-2012 avaient choqué par leur degré de violence particulièrement inhabituel.

Les conflits interethniques constituent l'un des principaux défis auxquels le Soudan du Sud, qui a accédé à l'indépendance en juillet dernier, doit faire face. Ils ont été exacerbés par deux décennies de guerre civile entre le nord et le sud du Soudan, qui ont nourri les inimitiés historiques entre les différentes tribus, parfois instrumentalisées par Khartoum.