Des centaines de manifestants qui réclamaient la démission du président soudanais Omar el-Béchir ont été arrêtés et maltraités, a déclaré un chef de file de l'opposition soudanaise, jeudi.

Saata Ahmed al-Haj, chef de la Commission soudanaise de défense des droits et de la justice, un mouvement d'opposition, a déclaré que les manifestants avaient été attaqués par la police et des civils armés de machettes et d'épées lors des manifestations qui se déroulent à Khartoum depuis cinq jours.

Des centaines de manifestants arrêtés ont été sévèrement maltraités avant d'être relâchés, a-t-il dit.

M. Al-Haj a affirmé que les forces de sécurité avaient rasé les cheveux des manifestants, les avaient dénudés et laissés croupir au soleil pendant des heures.

«Je suis en détention à domicile de même que plusieurs autres membres de l'opposition, et les forces de sécurité entourent les lieux», a-t-il dit lors d'une entrevue téléphonique avec l'Associated Press. «Notre »infraction«, c'est que nous réclamons la liberté, et c'est un crime au Soudan.»

Les manifestations sont «le résultat de la suffocation politique, économique et militaire que ressentent les gens ici», a ajouté l'opposant.

Les manifestations ont été provoquées par le plan d'austérité du gouvernement, qui coupe des subventions et multiplie par deux le prix du carburant et de la nourriture. Le président Omar el-Béchir a affirmé que ces mesures étaient nécessaires pour payer les frais du conflit avec le Soudan du Sud et pour remplacer les revenus pétroliers perdus après l'indépendance du Sud. Il a affirmé que le Soudan n'était plus un exportateur de pétrole.

Jeudi, le président a adopté un décret pour réduire les dépenses du gouvernement «dans le cadre du plan d'austérité», selon l'agence de presse officielle soudanaise SUNA.

Les manifestations ont commencé samedi soir à l'université de Khartoum. Des étudiants qui manifestaient contre la hausse des frais de transport sont descendus dans les rues devant l'université. La police a tiré des gaz lacrymogènes et a arrêté des dizaines de personnes.

Depuis, la capitale soudanaise est le théâtre de manifestations quotidiennes dans différents quartiers.

Reprenant les slogans des soulèvements populaires en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen et en Syrie, les manifestants scandent «Le peuple veut la chute du régime!».

Le président El-Béchir, âgé de 68 ans, dirige le Soudan depuis le coup d'État sanglant de 1989. Le Soudan se trouvait alors entre deux guerres civiles avec le Sud, qui a déclaré son indépendance l'an dernier pour devenir le Soudan du Sud.

Dans la foulée d'un autre conflit au Soudan, celui du Darfour, Omar el-Béchir est devenu le premier chef d'État en exercice à être inculpé par la Cour pénale internationale. Il est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité et fait l'objet d'un mandat d'arrestation international.